Notre corps va-t-il s'adapter au réchauffement climatique ?
D’ici 2050, notre corps pourra-t-il faire face aux fortes chaleurs qui risquent de devenir de plus en plus fréquentes ? Voici trois questions décortiquées par trois experts.
Imaginez-vous le 15 octobre 2050 : un réveil en sueur, après une courte nuit, sous une ventilation extrême… À l’extérieur, il fait déjà 45 degrés. Avec un tel scénario, plusieurs questions se posent.
Notre corps pourra t-il supporter la chaleur ?
"Il y a une réelle capacité des organismes vivants et notamment de l’organisme humain à s’adapter à des températures extrêmes par la sueur notamment et l’évaporation. Mais cela sollicite considérablement les différents organes du corps, le coeur, les poumons et surtout les reins", explique Robert Barouki, professeur à l'université Paris-Descartes et directeur d’unité Inserm.
En clair, notre corps va devoir tourner à plein régime. Mais tous n’auront pas ces pouvoirs de super héros. Lors des précédentes canicules, les personnes âgées et personnes à risques, ont été plus que fragilisées. Par ailleurs, pour tous, les effets néfastes prédits par les experts du climat, sont nombreux.
"On peut s’attendre à des effets liés à la déshydratation, des problèmes cardiaques et rénaux surtout, des effets liés aux infections, une augmentation des allergies et des problèmes de pollution atmosphérique avec des maladies respiratoires et des maladies mentales associées surtout aux phénomènes extrêmes", ajoute le professeur Barouki.
Notre corps va-t-il changer de morphologie ?
Vrai ou faux ? Pour y répondre, direction le musée de l’Homme à Paris. Ici, les populations sont étudiées sur plusieurs siècles… Alain Froment, anthropologue au musée de l’Homme, nous présente cet Africain découvert il y a un million 800 mille ans. "En Afrique là il fait 45 degrés, les gens de la savane sèche ont un peu cette morphologie. Ils sont grands, ils ont des grandes jambes, des grands bras, ils ont une surface de peau élargie par leur morphologie étirée, et une masse corporelle assez faible", explique-t-il.
Plus la surface du corps est importante, plus il stockera la chaleur. À l’inverse, avec un corps plus fin, la chaleur pourra s’évaporer plus rapidement.
"Si nous devions affronter les températures de cet ordre là, oui, il y aurait une pression de sélection, pour qu’on soit un peu plus grand, un peu plus délié, avec une masse corporelle qu’on devrait perdre un petit peu", commente Alain Froment.
Nos gènes vont-ils être modifiés ?
Pour l’heure, aucun changement au niveau des gènes n’a été observé. Lluis Quintana est généticien, il peut toutefois émettre des hypothèses.
"Des mutations qui sont impliquées dans la rétention d’eau par exemple ou dans la sueur pourraient participer à une meilleure adaptation à des changements climatiques" souffle-t-il. "En revanche, il faudra attendre longtemps pour voir quelles mutations et quels gènes auront participé à l’adaptation de l’homme à ce changement climatique", conclut Lluis Quintana.