Peut-on dire que Vladimir Poutine est atteint du “syndrome d’hubris”, la maladie du pouvoir ?
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les théories sur la santé mentale de Vladimir Poutine pullulent. Parmi elles, le président russe souffrirait du “syndrome d’hubris”, la maladie du pouvoir. Mais peut-on poser un tel diagnostic à distance ?
Le pouvoir est-il, littéralement, monté à la tête de Vladimir Poutine ? Depuis plusieurs semaines, de nombreux titres de presse prêtent à Vladimir Poutine une déformation des fonctions cognitives, aussi connue sous le nom de syndrome d'hubris.
Ce syndrome est décrit par David Owen, médecin et ancien ministre des Affaires étrangères britannique, dans son ouvrage "The Hubris Syndrome" comme une “intoxication au pouvoir”.
Syndrome d'hubris : de quoi s'agit-il ?
Le syndrome d'hubris correspond à "l'altération de la psychologie d’une personne après avoir accédé au pouvoir”, explique Sebastian Dieguez, chercheur en neurosciences et spécialiste de la psychologie du pouvoir. Il s'agit d'un état de "toute-puissance", connu et étudié en psychologie.
“C’est l'accession, et l'exercice du pouvoir qui change la personne. Elle est comme enivrée par le pouvoir", précise-t-il.
Quels sont les symptômes de ce trouble ?
Pour David Owen, il y a une quinzaine de comportements révélateurs. La personne a une vision démesurée de ses capacités, de sa place sur terre. Elle est imbue d'elle-même et pense qu’elle a une mission à accomplir.
Elle ne fait plus attention aux détails, ou aux limites techniques. “Il y a un désintérêt pour l’opinion des autres personnes” développe Sebastian Dieguez.
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Vladimir Poutine est-il atteint de ce syndrome ?
Peut-on alors dire que Poutine est atteint d’hubris ? “C’est plausible, ça fait longtemps qu’il est au pouvoir et qu’il cherche à le rester, par tous les moyens” avance Sebastian Dieguez.
Pour le chercheur, il est possible que Vladimir Poutine soit dans un monde imaginaire, et qu’il croit à ses mensonges. De plus, parmi les critères mis en avant pour décrire l'hubris, il y a aussi celui de la solitude et de l’isolement “ce qui est le cas de Poutine.”
Pas de diagnostic à la volée
Pour autant, peut-on avancer ces théories ? “La limite de ce raisonnement, c’est qu’on ne sait pas comment il était avant le pouvoir. Est-ce le pouvoir qui l’a rendu comme ça ? Ou l’était-il déjà ? ”, se demande Sebastian Dieguez. “On ne peut pas l'emmener au laboratoire pour l’examiner, donc il faut prendre des précautions avec ce que l’on avance”.
Ces théories, aussi plausibles soient-elles, ne doivent pas non plus servir à dédouaner une personne de ses actes. “Je pense qu’il est pertinent de se poser la question, mais il ne faut pas s’arrêter à cette hypothèse. Il faudrait également avoir une approche historique, et sociologique du personnage, en plus de l’approche psychologique”.
Des tests psychologiques pour choisir nos dirigeants ?
L’idée que le pouvoir peut "monter à la tête" n’a rien de récent. Au 19e siècle, Lord Acton, historien et homme politique britannique, alertait déjà sur le danger du pouvoir dans une citation célèbre : “Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument”.
Par ailleurs, le syndrome d’hubris ne concerne pas que les dirigeants politiques. Toute personne qui obtient une promotion, ou qui accède à un poste de chef peut voir son comportement changer.
“C’est pourquoi, je pense qu’il est intéressant d’avoir ce genre de réflexion quant aux choix de nos dirigeants. Comprendre, ce qui pousse une personne à vouloir diriger. L’hubris de Poutine n’est encore qu’une théorie, mais il est important d’avancer des pistes pour que certaines erreurs du passé ne se reproduisent pas”.