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Plafonnement de l'intérim médical : "La moitié des interventions ne pourront plus avoir lieu"

La loi Rist prévue le 3 avril doit plafonner les salaires de l'intérim médical. Malgré la promesse d'une revalorisation de 20%, les intérimaires menacent de partir dans le privé au détriment de l’hôpital public. Reportage.

Charlotte Rothéa
Rédigé le , mis à jour le
L'intérim à l'hôpital plafonné : quels effets ?  —  Le Mag de la Santé - France 5

La Dre Isabelle Odin, cheffe du service d'anesthésie de l’hôpital de Martigues est en manque de personnel. Malgré ses relances à plus de 70 intérimaires, rien ne retombe."Depuis février, on ne me répond plus ou alors on me demande si je vais appliquer la loi Rist et une fois que j'ai dit oui, on me répond alors que non", explique-t-elle.

1 390 euros bruts pour 24 heures

La loi Rist est l’encadrement du salaire de l’intérim. Jusqu’ici, il n'y avait pas de limites. Désormais, un intérimaire gagnera au maximum 1 390 euros bruts pour 24 heures de garde, soit 58 euros bruts de l'heure. C'est un plafonnement qui ne passe pas.

 "Je comprends qu'il fallait plafonner ces sommes-là qui, parfois, étaient clairement indécentes, après ils ont baissé de manière extrêmement forte", exprime un médecin intérimaire.

Certains intérimaires pensent à travailler dans le privé, où leurs salaires ne seront pas plafonnés.  
Ils sont accusés d’aller au plus offrant, alors ils se défendent.

"La plupart des intérimaires que je connais sont de jeunes médecins et de jeunes intérimaires qui sont sous-payés par l'hôpital public, qui vont faire des vacations supplémentaires pour arrondir les fins de mois. Ils ne font pas un mois d'intérim mais souvent deux ou trois jours par mois. Ça permet de doubler le salaire", confie ce médecin.

Prioriser les interventions urgentes

Dans ce service, la conséquence est immédiate, sans anesthésiste, pas d’opération."À partir de la semaine prochaine, la moitié des interventions ne pourront pas avoir lieu puisque je n'ai plus d'intérim pour assurer l'anesthésie. On va voir avec les chirurgiens ce qu'eux estiment qui est urgent. En général, on priorise les cancers, les hémorragies et on essaye enfin de ne pas induire de perte de chance", précise la Dre Isabelle Odin.

L’intérim coûte cher à l’hôpital de Martigues, environ 800 000 euros par an. Pour la direction, la mesure était incontournable. Mais elle nécessite de trouver ailleurs de la main d’œuvre."Nous sollicitons des praticiens qui exercent dans d'autres spécialités de l'établissement"  confie Loïc Mondoloni, directeur du centre hospitalier de Martigues. "Nous avons également sollicité des professionnels de santé de ville. Nous sommes en train d'essayer de nous coordonner avec une clinique privée à proximité de l'établissement pour essayer que le médecin urgentiste de la clinique puisse intégrer l'équipe de l'établissement", poursuit-il.

"Revaloriser le statut des praticiens hospitaliers"

Cet hôpital n’est pas le seul concerné. À Bergerac, ce sont les urgences gériatriques qui sont menacées. À Blois, le service de neurologie et à l'hôpital de Rouen, ce sont les services de chirurgie.

À Martigues, la loi impacte aussi les urgences. Dans ce service, l'encadrement de l’intérim n’est pas considéré comme une solution satisfaisante."Les intérimaires étaient là pour répondre à un manque de praticiens. S'ils ont quitté les hôpitaux, je pense qu'une des solutions pérennes serait de repenser, revaloriser le statut des praticiens hospitaliers", commente le Dr André Mazille, chef de service des urgences au centre hospitalier de Martigues.

Selon un syndicat de médecins remplaçants hospitaliers, 107 services répartis dans 69 hôpitaux publics pourraient partiellement fermer à partir de ce lundi.

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