Plus de 120 000 victimes de violences policières dans le monde depuis 2015
Les policiers ont blessé plus de 120 000 personnes lors de manifestations dans le monde entier depuis 2015, selon un rapport qui appelle à mieux réguler l'usage des armes utilisées par la police.
120 000. C’est le nombre de victimes des violences policières, blessées par des grenades lacrymogènes ou des balles de défense au cours des manifestations dans le monde, depuis 2015, selon le rapport publié mercredi 22 mars par l'association médicale Physicians for Human Rights, le Réseau international d'organisations des droits civiques (Inclo) et la fondation britannique Omega.
Gilets jaunes, Black Lives matter...
Ces trois organisations ont épluché les comptes-rendus médicaux dressés notamment lors du mouvement des gilets jaunes de France, des défilés antiracistes Black Lives Matter aux États-Unis, ou des manifestations pro-démocratie à Hong Kong et en Birmanie.
C'est sur la base de ces informations parcellaires qu'elles ont publié leur rapport, "Lethal in disguise" (la mort déguisée). Il décrit l'impact sanitaire des armes non létales utilisées par les polices du monde entier face à "l'exercice légitime d'un droit démocratique".
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Des morts et des séquelles à vie
Le rapport indique que :
- 119 113 personnes ont été touchées, ces sept dernières années, par des jets de projectiles lacrymogènes et autres irritants chimiques ;
- 4% d'entre elles ont nécessité une hospitalisation ou intervention chirurgicale ;
- au moins 14 personnes ont trouvé la mort après avoir inhalé ces gaz toxiques.
Concernant les projectiles "de défense", dont les balles en caoutchouc :
- 2 190 personnes ont été blessées par ces projectiles ;
- 65% d’entre elles ont été touchées au niveau des yeux ;
- au moins 945 personnes ont des séquelles à vie ;
- 12 sont décédées à la suite de l’impact.
"Regain de tensions et escalade des conflits"
Pour les auteurs du rapport, les forces de l'ordre même dans les pays démocratiques, ont tendance à abuser de leur force face aux mouvements de protestation qui se multiplient depuis le début du 21e siècle.
Au lieu d’apaiser la situation et de disperser les foules, "cela entraîne souvent un regain de tensions et une escalade des conflits", regrettent-ils, en recommandant de mieux réguler ces armes, de mieux former les agents à leur usage et de ne pas les utiliser de manière indiscriminée.
"Ça fait dix ans que je travaille sur les armes de contrôle des foules et leur impact, et je continue d'être effarée par l'absence de données et de transparence de la part des fabricants", a commenté la médecin urgentiste Rohini Haar, autrice principale du rapport. Malgré leur usage fréquent dans tout le monde, "il n'y a aucune régulation d'importance ou d'obligation d'enregistrer les données pour les forces de police de la grande majorité des pays", a-t-elle également regretté dans un communiqué.