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Plus d'une femme sur trois a déjà subi un rapport sexuel non consenti

Le sexisme perdure en France dans toutes les sphères de la société, alerte le Haut Conseil à l’Egalité. Il constate une aggravation des violences sexistes et sexuelles et déplore que les jeunes générations soient les plus touchées.

Mathieu Pourvendier avec AFP
Rédigé le
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Cinq ans après #MeToo, le sexisme perdure en France. C'est ce que déplore dans un rapport rendu lundi 23 janvier le Haut Conseil à l'Egalité (HCE), qui constate que la "société française reste sexiste dans toutes les sphères": publique, privée, professionnelle ou encore médiatique.

"Le sexisme ne recule pas en France. Au contraire, certaines de ses manifestations les plus violentes s'aggravent et les jeunes générations sont les plus touchées", écrit le HCE.

14% des femmes ont subi un acte sexuel imposé

"L'opinion reconnaît et déplore l'existence du sexisme mais ne le rejette pas en pratique, majoritairement chez les hommes", selon le rapport qui s'appuie sur les chiffres officiels et sur un baromètre réalisé par l'institut ViaVoice auprès de 2 500 personnes représentatives.  

Le rapport note tout d'abord que 80% de femmes disent avoir l'impression d'avoir été moins bien traitées en raison de leur sexe au cours de leur vie.

14% déclarent ensuite avoir déjà subi "un acte sexuel imposé", et plus largement 37% disent avoir vécu des situations non consenties dans les rapports sexuels, dont un rapport non protégé devant l'insistance de leur partenaire (12%), non consenti sous l'effet de l'alcool ou la drogue (7%).

À lire aussi : Quand les préjugés sexistes mettent la santé des femmes en danger

8 femmes sur 10 ont peur le soir

Mais ce n'est pas tout. Le sexisme conduit à des renoncements quotidiens, pour 9 femmes interrogées sur 10 : la moitié renoncent à sortir ou faire des activités seules ou à s'habiller comme elles le souhaitent. De plus, 8 femmes sur 10 ont peur de rentrer seules chez elles le soir.

De leur côté, les hommes peinent "à se sentir concernés", ne se sentent pas personnellement responsables de conduites sexistes, voire pour un quart d'entre eux, pensent qu'on "en fait trop sur les agressions sexuelles". 

"Raids masculinistes", violence en ligne...

Si les hommes de plus de 65 ans sont plus "conservateurs", attachés à des rôles genrés stricts, le HCE observe aussi des "clichés masculinistes" chez les moins de 35 ans : un quart estime qu'il faut parfois être violent pour se faire respecter. L'image des femmes véhiculée par la pornographie est jugée problématique par la moitié d'entre eux contre 79% des 65 ans et plus.

Le HCE s'inquiète d'un "phénomène de backlash à l'oeuvre partout", avec des "raids masculinistes" sur les réseaux sociaux "pour réduire les femmes au silence ou les discréditer".      

Globalement, le HCE met en garde contre une "situation qui s'aggrave avec l'apparition de phénomènes nouveaux : violence en ligne, virulence accrue sur les réseaux sociaux, barbarie dans de très nombreuses productions de l'industrie pornographique, affirmation d'une sphère masculiniste et antiféministe". Les pouvoirs publics "ne sont pas considérés à la hauteur des enjeux sur ces questions", note l'institution.    

Changer les mentalités dès le plus jeune âge

"Le sexisme ordinaire fait le lit du sexisme violent. Pour lutter contre, il faut prendre des mesures qui influent sur les mentalités dès le plus jeune âge : une massive action d'éducation, réguler le numérique", déclare Mme Pierre-Brossolette à l'AFP.

Parmi les "mesures clés" identifiées par le HCE, la "régulation des contenus du secteur numérique pour lutter contre les stéréotypes, les représentations dégradantes et les scènes de violences désormais banalisées sur internet, en particulier dans les vidéos pornographiques". L'institution propose aussi la création d'une "Haute Autorité indépendante pour lutter contre les violences sexistes en politique", après les scandales qui ont secoué les partis l'an dernier.      

Elle recommande aussi de renforcer les "moyens financiers et humains de la justice pour des juridictions chargées de traiter des violences intrafamiliales". Enfin, pour changer les mentalités, le HCE conseille d'interdire la publicité pour les jouets genrés et de conditionner le versement d'argent public à une contrepartie en terme d'égalité, par exemple en termes de formation, pour les entreprises.

La présidente du HCE, Sylvie Pierre-Brossolette, sera reçue par le président Emmanuel Macron mercredi 25 janvier, à l'occasion de la Journée contre le sexisme. L'instance consultative indépendante, qui fête ses dix ans, participe cette semaine à une campagne de sensibilisation et ouvrira mercredi un "procès contre le sexisme", organisé par le collectif Ensemble contre le sexisme.

#MeToo : ce qui a changé un an après Crédit photo : ©Pixabay/surdumihail - Vidéo : "", chronique de Lucile Degoud, journaliste, du 27 novembre 2018  —  Le Mag de la Santé

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