PMA pour toutes : un an après, des délais toujours trop longs
Un an après l'adoption de la loi PMA pour toutes en France, il faut compter en moyenne 13,8 mois pour avoir accès à une insémination artificielle. En Île-de-France, les délais d’attente sont parfois encore plus élevés.
Dans ce centre de fertilité en région parisienne, c’est la secrétaire qui reçoit en premier lieu les demandes de PMA. Et à chaque fois, la première question posée est "combien de temps ?" C'est aussi une question que s’est posée Clémence, 38 ans. Elle vit avec Christine depuis plusieurs années et depuis deux ans, elle a envie de devenir maman.
"J'aurais 30 ans, je pourrais attendre mais pas à 38 ans"
Clémence a entamé les démarches dans un centre de fertilité en juillet dernier. Mais le passage obligatoire pour toutes les demandes de PMA avec don de gamètes est le CECOS, le centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humain.
Il n’y en a que trois qui gèrent les dons en Île-de-France. La Dr Gwenola Keromnès dirige ses patients vers l’un d’entre eux. Ce sera une attente de 18 mois au total pour Clémence et sa compagne.
"Je ne comprends pas comment il est possible que la loi soit passée et qu'on ait un an et demi d'attente. J'aurais 30 ans, je pense que mon raisonnement ne serait pas comme ça et je pourrais entendre d'attendre un à deux ans mais pas à 38 ans, je trouve ça injuste", commente Clémence.
Explosions des demandes
Depuis l’ouverture de la loi de bioéthique à la PMA pour toutes en septembre 2021, les demandes avec don ont explosé. Dans les CECOS d’Île-de-France, il faut compter au moins un an avant d'obtenir un don de sperme.
"Au CECOS de Jean Verdier, on avait aux alentours de 35 demandes par an et là nous en sommes à 400 depuis le début de l'année. Nous sommes en tension en permanence. Il nous manque du personnel, c'est évident. Et les sommes allouées sont insuffisantes", explique la Pr Florence Eustache, responsable du CECOS Jean Verdier.
Des alternatives aux CECOS ?
En région parisienne, 3 000 demandes ont été enregistrées depuis le début de l’année 2022. Les autorités en attendaient autant au niveau national. Alors, certains médecins militent pour des alternatives aux CECOS.
"Ce serait une possibilité intéressante d'autoriser d'autres établissements, notamment tous les centres publics et les ESPIC, établissements de santé privés d'intérêt collectif, à réaliser cette activité de don de sperme et de don d’ovocytes, s'ils le souhaitent", confie la Dr Gwenola Keromnès.
Pour Clémence, l’attente se poursuit. La jeune femme envisage désormais de retenter sa chance à l’étranger ou d’emprunter des voies moins légales.