Pourquoi la perte d'audition augmente le risque de maladies neurodégénératives

Vacarme de la rue, voitures, sifflet des policiers... Ce sont des bruits que nous connaissons tous. Mais Claire, 79 ans, ne les entend plus quand elle retire ses appareils auditifs.  

"Je n'entends rien, mais rien. Ça pose même un problème pour me réveiller le matin. Si je dois par exemple prendre un avion et me lever très tôt, je n’entends pas le réveil", explique Claire.

Isolement, repli sur soi, perte d'information...

Quand vous entendez mal et que vous n'entendez pas les voitures, le risque, c’est de se faire renverser. Mais il y a un autre danger : la perte de ses capacités cognitives. C'est pourquoi depuis quelques années, certains services hospitaliers font passer des tests cognitifs.

Lorène Matte, orthophoniste au groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière à Paris, donne cinq mots à Claire qu'elle doit mémoriser."On évalue l’attention, le langage, le calcul et la mémoire. Ce test permet de faire un repérage des troubles cognitifs légers", explique-t-elle. Car c'est désormais prouvé : moins bien entendre a une incidence sur le fonctionnement cognitif.

"Une baisse de l’audition veut dire moins d’informations qui arrivent jusqu’au cerveau" explique la Docteure Evelyne Ferrary, ORL au groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière à Paris. "Une surdité entraîne aussi un isolement qui est très important. Des gens qui se replient sur eux-mêmes parce qu’ils ne participent pas aux conversations. Progressivement, votre cerveau va moins travailler donc il faut réhabiliter l’audition comme ça, on va pouvoir réduire les troubles cognitifs. Réhabiliter l’audition permet de rajeunir le cerveau", poursuit-elle.

Rééduquer les fonctions cognitives

Il est possible de retrouver des capacités cognitives, c’est d'ailleurs le défi que s’est lancé Michelle, 80 ans. Après avoir perdu l’audition, elle suit une rééducation deux fois par semaine avec son orthophoniste.

"Ça permet de travailler les fonctions exécutives. C’est-à-dire être rapidement capable de switcher d'une consigne à une autre selon le stimulus qu’on a sous les yeux", commente Roxane Aurensan, orthophoniste. 

"Je sens vraiment que le cerveau travaille, c’est vraiment une gymnastique ! Beaucoup de mes amies se sont rendues compte de l’évolution chez moi. Parfois, j’étais en train de suivre une conversation et d’un seul coup, c’était parti. Là, j’arrive à tenir", se réjouit Michelle.

Il n'est pas question de s’arrêter en si bon chemin, maintenant qu’elle a retrouvé l’audition, Michelle est une championne des soustractions.