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Pourquoi l'appel aux dons de l'hôpital Georges-Pompidou fait débat

L’hôpital Georges-Pompidou a fait appel à la générosité des Français pour acheter un nouveau scanner. Cette initiative a fait polémique, mais illustre-t-elle des politiques d’austérité envers l’hôpital public ?

Camille Leclercq
Rédigé le
Hôpital Georges-Pompidou : un appel aux dons pour un scanner qui fait débat  —  Le Mag de la Santé - France 5

140 caractères ont suffi pour déclencher une polémique. L'hôpital parisien Georges-Pompidou (AP-HP), en appelant aux dons pour l’achat d'un scanner sur les réseaux sociaux, a fait la une de la presse en ligne et provoqué de vives réactions parmi les politiques.

"À quoi servent mes impôts ?"

Ce qui n'était qu'un malentendu, pour l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP)."Des gens ont pu se dire « à quoi servent mes impôts, si demain, on doit acheter des scanners avec la générosité publique ». Les gens n’ont pas compris, je pense, que c’était un co-financement. Ils n’ont pas compris que ce n’était pas le scanner de base", explique Gabriel Steg, vice-président du directoire de la recherche AP-HP.

"C'est un scanner très particulier, très innovant, à comptage photonique, la pointe de la pointe d’ailleurs. Il n'y en a qu’un et donc c’est un équipement d’innovation et de recherche pour lequel avoir un complément permettait d’aller plus vite et de l’emmener plus vite à l’hôpital", précise-t-il.

Trois à cinq fois plus cher qu'un scanner classique

Ce bijou technologique permet d'avoir des images plus précises, des doses d’irradiation réduites, et coûte près de trois millions d’euros... Soit trois à cinq fois plus cher qu’un scanner classique. En France, seulement Lille, Villejuif et Bordeaux en sont dotés.

Lyon dispose d'un prototype d’une autre marque. Un investissement salué et encouragé par la Société Française de Radiologie.

Que finance le mécénat à l'AP-HP ?

"C’est effectivement un scanner qui nous permet de faire un saut technologique donc on peut espérer des diagnostics plus précoces et de meilleur qualité. Le fait que le mécénat soit dirigé vers la santé et vers l’innovation, puisque là, il s’agit d’une technologie innovante, ne me choque pas", commente Marie-France Bellin, présidente de la société française de radiologie.

Le mécénat, historiquement plébiscité dans les structures privées, est désormais assumé par l’hôpital public. Cela fonctionne : l’an dernier, 16 millions d’euros ont été récoltés par l’AP-HP.

"Il faut bien comprendre les ordres de grandeur et de quoi on parle. Pour une institution comme l’AP-HP, 16 millions d’euros, c’est beaucoup et en même temps, c’est une goutte d’eau par rapport au budget d’une telle institution qui a 38 hôpitaux et dont le financement se comptabilise en milliards", précise Gabriel Steg.

Cette cagnotte finance la recherche, les équipements de pointe et les projets destinés au bien-être des patients et des soignants, mais pas le fonctionnement de l’hôpital.

Les financements de l'Etat insuffisants

Mais selon Nathalie Coutinet, économiste de la santé à l'université Sorbonne Paris-Nord, le mécénat illustre tout de même les difficultés financières de l’institution. "Les hôpitaux publics sont endettés à hauteur d’un peu plus de 30 milliards d’euros, parce que les recettes que lui donne l’état sont insuffisantes par rapport à sa charge de fonctionnement" analyse-t-elle.

"Il y a effectivement une incompatibilité à acquérir des équipements de plus en plus coûteux et perfectionnés face à des financements plutôt en baisse ou en tout cas insuffisant", précise encore cette économiste.

En 2024, le budget des hôpitaux ne risque pas de s’améliorer et 600 millions d’euros d’économies ont été demandés par le gouvernement.

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