Pourquoi l'athlète Halba Diouf, femme transgenre, a été bannie des JO 2024
Rencontre avec Halba Diouf, jeune athlète transgenre qui rêvait de participer aux JO de Paris 2024. Elle s'est vue bannir de ces compétitions féminines à cause d'un nouveau règlement de la Fédération Internationale d’athlétisme.
Pour Halba, la course est plus qu’une passion. Cette athlète transgenre de 21 ans vise le très haut niveau. "J'ai besoin de courir, je pense que c'est comme une sorte de thérapie, quand je suis sur la piste, j'oublie tout. Je me sens puissante. J’ai l’impression de dominer", raconte Halba Diouf, athlète.
Les femmes trans exclues des compétitions féminines
En début d’année, la jeune sportive brille dans un championnat régional, dans sa spécialité : le 200 mètres. La route vers les JO semble toute tracée. Mais il y a trois mois, la Fédération internationale d’athlétisme décide d’exclure les femmes transgenres de toutes les compétitions féminines internationales.
"La majorité de nos experts concluent que les athlètes transgenres ne devraient pas concourir dans les compétitions féminines. Pour beaucoup, les preuves que les femmes trans ne conservent pas un avantage sur les femmes biologiques sont insuffisantes", commente Sébastien Coe, président de la Fédération Internationale d'Athlétisme.
C'est un choc pour la jeune sprinteuse. "C'est très douloureux, pendant quelques semaines, je l’ai très mal vécu. J'aimerais bien faire du sport et de la compétition tranquillement. Quand je fais de la compétition, j'oublie toutes ces oppressions, j'oublie ces choses néfastes que je vis au quotidien, c'est vraiment mon exutoire et on me refuse cela", confie Halba Diouf.
"J’ai toujours su que j’étais une femme"
Quand elle était petit garçon, Halba a pourtant très vite senti qu’elle n’avait pas le choix. Sa différence était une souffrance dès l’école primaire. "J’ai toujours su que j’étais une femme depuis l'âge de sept ans précisément. On était dans une cour de récréation avec mes copines, on parlait de nos aspirations, de nos rêves et moi, j'ai dit que je voulais devenir mère et me marier. Je voulais avoir une vie de femme épanouie. Cette copine m'a interpellée et m'a dit que ce ne serait pas possible, car j'étais un garçon. C'est depuis ce moment-là que j'ai compris que j'étais dans le mauvais corps. Je n'aimais tellement pas mon corps, que je ne pouvais pas me regarder dans le miroir", poursuit Halba Diouf.
Trois ans de traitement hormonal
À sa majorité, il y a trois ans, Halba entame sa transition grâce à un traitement hormonal. Oestrogènes, progestérone, bloqueurs de testostérone transforment son corps en profondeur et lui font perdre une partie de sa force musculaire.
Son entraîneur espère encore que la fédération changera d’avis pour les JO 2024. "Halba, c'est une chance de médaille, c'est en tout cas une chance de finale, une chance de bien représenter notre pays, bien participer à ces jeux, mais c'est surtout une chance tout court. C'est une vitrine les Jeux Olympiques, à tout point de vue, de manière mondiale donc ce serait tout à fait l'occasion qu'Halba puisse concourir pour notre pays, avec tout ce que ça comporte comme valeur humaine et de tolérance", commente Stéphane Lazarini, entraîneur à Aix Athlé Provence.
"Personne ne va m'empêcher de faire les JO"
Sur la piste, ses partenaires d’entraînement sont partagées, mais les opinions différentes n’entament pas la volonté d’Halba. Elle est fière de ses derniers résultats sur 200 m et elle s’accroche à son rêve de médaille.
"À l'entraînement, j'ai fait 22'30, j'ai les capacités pour faire les JO en 2024 et je vais les faire. Il n'y a personne qui va m'empêcher de les faire, absolument personne", conclut Halba Diouf.
Pour défendre sa cause, la jeune sportive sera entendue le mois prochain devant le comité national olympique.