Pourquoi les cas de dengue, de Zika et de chikungunya vont augmenter en France

Il faut s'attendre, dans les années à venir, à une hausse des cas de dengue, Zika et chikungunya, maladies transmises par des moustiques "vecteurs" désormais largement implantés sur le territoire national. C'est l'alerte du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars).

Dans un avis de 60 pages publié mercredi 5 avril sur "les risques sanitaires de la dengue et autres arboviroses" (des virus transmis notamment par des moustiques), l'ex-conseil scientifique rappelle d'abord que les territoires tropicaux français y sont confrontés de manière récurrente.

10 fois plus de départements colonisés

Mais depuis quelques années, la métropole enregistre aussi un nombre croissant de cas autochtones (c'est-à-dire ne provenant pas d'une contamination hors du territoire) et de foyers de ces virus. En cause, les moustiques Aedes aegypti et Aedes albopictus (communément appelé le moustique tigre).    

À compter de 2010, le nombre de départements métropolitains colonisés par le moustique tigre a été multiplié par 10. Et l'été dernier, la métropole a connu 65 cas de dengue autochtone, évoque le Covars. En métropole, il n'a pas été observé de forme grave de la maladie, à ce jour, contrairement aux territoires ultra marins où les populations sont exposées de façon récurrente.      

Le changement climatique en cause

"La hausse des cas est inéluctable en raison de l'augmentation des voyages et du changement climatique", a relevé Didier Fontenille, entomologiste, l'un des auteurs du rapport, lors d'un point presse.

Un constat que confirme l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui s'est également exprimée sur la dengue et le chikingunya le 5 avril lors d'une conférence de presse. Le plus inquiétant, selon l'organisation, est l'expansion géographique de ces maladies dans l'hémisphère nord, y compris dans certains pays européens, expose l'OMS.

En effet, "avec le changement climatique, les moustiques et ces maladies se sont multipliés... en altitude et en latitude", a déclaré Mme Rojas Alvarez membre de la division de la préparation, Programme d'urgence de l'OMS, qualifiant la situation d'"alarmante".   

"Bientôt toute l'hexagone sera touchée par le moustique tigre. Quant à Aedes aegypti, il est résistant aux insecticides, ce sont deux très mauvaises nouvelles", a complété l'entomologiste.      

"On était déjà débordé avec 65 cas"

Selon le Covars, ces maladies virales "pourraient devenir des problèmes de santé publique en métropole".   

L'organisation prochaine de grands évènements sportifs internationaux en métropole (notamment les JO 2024), qui engendrent d’importantes migrations de populations venant du monde entier, "renforce les risques de survenue de foyers de dengue, Zika et chikungunya", rajoute Didier Fontenille.

"On était déjà débordé avec 65 cas. Si l'an prochain il y en a 300, on ne pourra pas faire face, il va falloir s'adapter", a prévenu l'un des auteurs du rapport.      

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Un système de surveillance "perfectible"

Si la France a un système de surveillance, de détection, de gestion de ces maladies considérées comme "performant", il reste "perfectible", en particulier en métropole, estime le Covars. Une "coordination nationale" permettant d'être informé de la situation des autres régions manque notamment.

"On n'est pas dans un scénario catastrophe mais on doit prendre le risque au sérieux par des campagnes de prévention ou une meilleure organisation des acteurs", a conclu la présidente du Covars, Brigitte Autran, lors du point presse.