Pourquoi les joueurs de foot ont un risque accru de démence
Les joueurs de football professionnel ont un risque élevé de développer une démence par rapport à la population générale, selon une nouvelle étude. En cause : les chocs liés aux têtes.
Quel est le lien entre le football et les troubles neurodégénératifs ? Les joueurs de football de haut-niveau, à l'exception des gardiens de but, ont depuis un siècle un risque accru de développer une démence par rapport à la population générale, selon une étude suédoise d'envergure publiée jeudi 16 mars dans la revue scientifique The Lancet Public Health.
Des experts ont estimé que l'étude apportait "une preuve convaincante" du lien entre le sport le plus populaire au monde et un risque accru de troubles dégénératifs du cerveau, lien déjà mis en lumière par la mort en 2020 de Nobby Stiles, champion du monde atteint de démence, et par d'autres cas concernant des sports comme le rugby, le football américain ou le hockey sur glace. Dans toutes ces situations, ce sont les chocs subis à la tête par les joueurs qui expliquent l'augmentation du risque.
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Un risque de démence 1,5 fois plus élevé
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont analysé les dossiers médicaux de plus de 6 000 joueurs du Championnat de Suède de 1ère division entre 1924 et 2019. Ils ont ensuite comparé le taux de survenue de troubles dégénératifs du cerveau à celui d'un échantillon de 56 000 Suédois.
Résultat : les joueurs de football avaient un risque 1,5 fois plus
élevé que le groupe de contrôle de développer des maladies comme celle d'Alzheimer et
d'autres types de démence. Les gardiens de but font exception dans l'étude. Et pour cause : ils ne font pas de tête.
"Cette recherche conforte l'hypothèse selon laquelle le jeu de tête explique ce lien" entre football et maladies cérébrales, confie à l'AFP le principal auteur de l'étude Peter Ueda, du Karolinska Institutet suédois.
Une espérance de vie plus longue
L'étude n'a en revanche pas identifié de risque accru de développer des maladies neuromotrices, comme la maladie de Charcot (SLA), et a même noté une plus faible incidence de la maladie de Parkinson.
Mais ce n'est pas le seul constat. L'étude suédoise établit aussi que les joueurs professionnels avaient une espérance de vie légèrement supérieure à la moyenne des hommes. Ce qui s'expliquerait selon Peter Ueda par une meilleure forme physique et un statut socio-économique plus élevé.
Comment rendre le football plus sûr ?
Le Dr Ueda a prévenu que l'étude, basée sur l'observation, n'était pas en mesure de montrer que jouer au football était la cause directe de l'apparition de démence. Et que ses conclusions ne s'étendaient pas aux femmes et aux joueurs amateurs ou juniors. Par ailleurs, le délai d'occurrence théorique entre la carrière du joueur et la survenue de symptômes de maladies dégénératives est très long.
Mais toujours selon ce scientifique, de meilleurs équipements, formations et entraînements pourraient rendre le football plus sûr pour les joueurs professionnels modernes.