Pourquoi les laboratoires d'analyses médicales sont en grève
Après un mois de bras de fer avec le gouvernement autour du budget 2023 de la Sécu, les laboratoires de biologie appellent à une "grève illimitée" à partir de ce lundi. L'immense majorité d'entre eux est fermée.
La ponction ne passe toujours pas. Depuis l'annonce, fin septembre, des 250 millions d'euros d'économies à réaliser de gré ou de force dans leur secteur, les biologistes libéraux s'alarment d'un "coup de rabot" et s'y opposent par tous les moyens.
Redoutant une baisse de tarifs pérenne, ils ont d'abord proposé une "taxe exceptionnelle" du même montant, au titre des profits engrangés grâce aux tests Covid. Faute d'accord, ils ont ensuite arrêté de transmettre les résultats de ces dépistages au fichier national SI-DEP, perturbant le suivi de l'épidémie pendant une semaine.
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Au moins trois jours de grève
Un boycott jugé "inconséquent" et "inadmissible" par le ministre de la Santé, François Braun, qui les a même accusés de "prendre en otage l'ensemble de la population". Ce coup de semonce n'a pas fait bouger les lignes : reçus lundi dernier à l'Assurance maladie, les biologistes en sont sortis en dénonçant une "folie austéritaire".
Ils ont donc appelé à la "grève reconductible" à partir du lundi 14 novembre. Le mouvement, qui devrait durer au moins trois jours, est aussi porté par les grands groupes de laboratoires privés (Biogroup, Cerba, Eurofins, Inovie, Synlab), ainsi que par le réseau des Biologistes indépendants (LBI).
Bientôt une négociation ?
Plusieurs syndicats d'autres professions ont également apporté leur soutien aux biologistes, mais l'exécutif campe sur sa position. "Je maintiens la cible, cela aboutira", a encore affirmé François Braun, estimant qu'"avec un excédent brut de 3 milliards, ils peuvent faire un effort de 250 millions". L'Assurance maladie "continue pour sa part à privilégier le dialogue" et "regrette profondément l'appel à la grève", jugeant ses propositions "pleinement soutenables pour le secteur de la biologie".
Les biologistes ont toutefois reçu cette semaine le renfort du Sénat lors de l'examen du projet de budget de la sécurité sociale. En effet, la Haute assemblée a voté un amendement transformant cette "baisse pérenne en contribution exceptionnelle de 250 millions d'euros en 2023". Une main tendue qui "rouvre la voie à une solution négociée", jugent les biologistes libéraux. Au gouvernement et à l'Assemblée nationale de "se saisir de cette opportunité", ont-ils argué.