Pourquoi Ritaline et orthophonie sont davantage prescrits aux enfants nés en fin d'année
Les traitements à base de méthylphénidate qui soignent le trouble déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH) et les séances d'orthophonie sont davantage prescrits aux enfants nés en fin d'année.
Une différence d'âge de quelques mois aurait "un impact considérable sur la fréquence d'initiation du méthylphénidate [Ritaline et génériques] mais aussi de l'orthophonie", conclut une nouvelle étude publiée ce jeudi 20 juin et réalisée par le groupement Epi-Phare, qui rassemble l'Agence du médicament (ANSM) et l'Assurance maladie. Cette étude a suivi une cohorte de plus de quatre millions d'enfants âgés de 5 à 10 ans, nés de 2010 à 2016.
55 % de risque en plus pour les natifs de décembre
Parmi les enfants d’un même niveau scolaire, les natifs de décembre ont 55 % de risque supplémentaire de débuter un traitement par méthylphénidate, utilisé pour soigner un trouble déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH). Ils auraient également 64 % de risque supplémentaire de recevoir des séances d'orthophonie que ceux nés en janvier de la même année.
Ce risque augmente régulièrement avec la différence d'âge : au sein d'un même niveau de scolarité, comparés aux enfants nés en janvier, les natifs de février ont 7 % de risque supplémentaire de se voir prescrire du méthylphénidate, ceux d'avril 9 %, ceux de juillet 29 % et ceux d’octobre 46 %.
Les mêmes tendances ont été observées concernant les séances d'orthophonie, dont le recours augmentait de 3 % chez les enfants nés en février, de 12 % chez les natifs d’avril, 30 % chez ceux de juillet et 49 % chez ceux d’octobre.
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Des exigences trop élevées pour leur âge ?
Pour expliquer ces écarts, les auteurs ont émis plusieurs hypothèses. Les plus jeunes enfants d’une classe pourraient être confrontés à des exigences trop élevées pour leur âge, particulièrement au cours des premières années d'école.
Les enfants les plus jeunes seraient alors plus susceptibles d'être diagnostiqués par erreur avec un TDAH ou avec des troubles de l’apprentissage, alors que leurs difficultés ne sont pas anormales. Inversement, "peut-être qu'on sous-diagnostique les troubles des élèves plus âgés qui parviennent à les compenser par une plus grande maturité", avance auprès de l'AFP Alain Weill, médecin de santé publique, directeur adjoint du groupement Epi-Phare.
Bientôt une nouvelle prise en charge du TDAH
Ces résultats devraient conduire à certaines recommandations, selon Alain Weill : "ne pas forcément affirmer qu'un enfant de CP est censé savoir lire à Noël", ou bien "préciser le mois de naissance en cas de prescription de Ritaline ou d'orthophonie", énumère-t-il.
Il précise également que ce travail sera justement examiné par la Haute autorité de Santé (HAS) qui doit bientôt fournir de nouvelles recommandations dans la prise en charge du TDAH.