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Protections périodiques gratuites dans les universités : peut mieux faire

Un an après l'obligation de fournir des protections périodiques gratuites au sein des universités, le bilan s'annonce mitigé. Si des distributeurs ont bien été mis en place, ils ne sont pas toujours accessibles ou réapprovisionnés.

Muriel Kaiser
Rédigé le
1 500 distributeurs de protections périodiques ont été déployés sur tous les campus de France  —  Muriel Kaiser

Le gouvernement l'avait annoncé en février 2021 et la nouvelle sonnait alors comme une grande avancée sociale pour toutes les étudiantes et étudiants menstrués. Frédérique Vidal, à l'époque ministre de l'Enseignement supérieur, faisait part de la mise à disposition gratuite de protections périodiques au sein des universités. 1 500 distributeurs ont, depuis, été déployés sur les campus mais aussi au sein des CROUS et des services de santé universitaires.

Si les organisations féministes et étudiantes saluent le progrès, il reste des axes d'amélioration. À commencer par l'accessibilité. "Ce genre de dispositif se concentre souvent sur les grands campus. Les établissements délocalisés ne sont pas toujours pris en compte. De manière générale, ces étudiants sont oubliés parce qu'ils ne se situent pas sur les sites principaux", explique Samya Mokhtar, vice-présidente de l'UNEF, principal syndicat étudiant de France.

Diversifier l'offre

Ensuite, relève Samya Mokhtar, les distributeurs fournissent uniquement des serviettes ou des tampons. "Il faut penser à diversifier l'offre". Maintenant qu'il existe des culottes de règles et des cups par exemple, il est essentiel de "permettre un large choix". D'autant plus que ces nouvelles protections coûtent cher. "Certaines personnes ne peuvent pas sortir l'argent pour se les acheter", déplore Samya Mokhtar. Or elles sont utiles puisque réutilisables.

"Il y a aussi un sujet sur la qualité des protections qui a un impact sur le corps et donc la santé". En effet, toutes les protections ne sont pas adaptées à tout le monde. "Certaines personnes ne peuvent pas utiliser de tampons, ou de serviettes. Chaque personne menstruée a des problématiques différentes", appuie la vice-présidente de l'UNEF.

À lire aussi : Comprendre et soigner le trouble dysphorique prémenstruel

Des distributeurs financés par les étudiants

Si les distributeurs ont fleuri sur les différents campus universitaires de France, ils ne sont pas forcément rechargés. Samya Mokhtar explique : "c'est aux établissements de le faire. Résultat : on peut se retrouver avec des distributeurs vides".

De plus, les protections menstruelles sont certes en accès libre, mais elles sont financées par les étudiants eux-mêmes. "C'est l'argent de la CVEC qui est utilisé, ça nous pose un souci". La CVEC - contribution vie étudiante et de campus - s'élève à un montant de 95 € et est payée par les étudiants non-boursiers en plus des frais de scolarité.

La précarité menstruelle, toujours d'actualité

La preuve que le dispositif n'est pas suffisant : la demande aux niveaux des associations ne désemplit pas. Maud Leblon, directrice de Règles Élementaires, travaille avec plus de 500 associations en France et n'a pas remarqué une baisse du nombre d'étudiants qui viennent récupérer des protections périodiques gratuitement.

D'autant plus qu'il s'agit du "public le plus touché par la précarité menstruelle". Celle-ci est actuellement "accentuée par l'inflation", explique Maud Leblon. "Certaines personnes doivent encore choisir entre nourriture et protections périodiques", déplore-t-elle.

Or cette précarité a de lourdes conséquences, notamment sur la scolarité des personnes concernées. "Certaines ne vont tout simplement pas en cours lorsqu'elles ont leurs règles", et pas par choix, explique la directrice de l'association.

Bientôt, la gratuité partout ?

Le coût des protections, qui s'ajoute à un coût de la vie élevé, renforce aussi la discrimination entre les étudiants. Ainsi, "la différence du coût de la vie entre personnes menstruées et personnes non menstruées s’élève à 274,86 € par an", rapporte l'UNEF. À cela s'ajoutent le coût des sous-vêtements, des médicaments contre la douleur ainsi que le suivi gynécologique, "ce qui représentent un budget moyen de 305,76 € par an".

Selon une étude Ifop, 30 % des Françaises ont déjà été dans une situation de précarité menstruelle. "Cette proportion s’élève à 37 % chez les jeunes adultes âgées de 20 à 29 ans, et à 48 % chez les femmes issues des catégories pauvres", analyse l'institut.

Alors pour y faire face, les associations réclament tout simplement la gratuité des protections périodiques dans toute la société. Une mesure largement partagée par la population : selon l'Ifop, 90 % des Françaises de moins de 25 ans, les plus touchées par la précarité menstruelle, s'y disent favorables.

Que contiennent les protections hygiéniques ?  —  Le Mag de la Santé - France 5

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