Prothèse de cheville : une intervention rare
Une cheville atteinte d'arthrose résistante, une arthrite inflammatoire, une polyarthrite rhumatoïde sont autant de cas où la pose d'une prothèse peut être proposée. Cette opération reste encore rare car, chaque année, entre 600 et 1000 personnes seulement en bénéficient en France. Reportage.
C'est à petits pas que Sarah se déplace. La jeune femme souffre de polyarthrite rhumatoïde. Une maladie inflammatoire douloureuse qui atteint ses articulations et plus particulièrement ses chevilles.
"Avec une béquille et avec quelqu’un à côté de moi, je peux marcher 10 minutes vraiment si je me force sans interruption, mais pas plus. Pour me lever, j’ai besoin de quelqu’un, pour m’aider, pour descendre les escaliers également, pour lever le pied. Je ne peux pas sauter, le moindre caillou me fait mal, le moindre obstacle, le moindre pavé me pose problème", explique Sarah Fellah, 29 ans.
Pour soulager les douleurs de sa cheville droite, son chirurgien lui a proposé une prothèse de cheville.
2 pièces métalliques s'articulent ensemble
"Habituellement l’espace entre ces deux os, le tibia et le talus est plus important. Cette réduction de l’espace traduit une usure du cartilage et petit à petit, le frottement de l’os du talus contre l’os du tibia, génère les douleurs. On va ouvrir et préparer l'os pour qu'il puisse accueillir la prothèse. Elle est placée de cette manière au niveau du tibia, cette autre pièce arrive comme ça au niveau du talus donc l’articulation peut se faire", explique le Dr Yves Stiglitz, chirurgien orthopédiste.
L’intervention se fait sous anesthésie loco-régionale. L'incision est réalisée au centre pour être face à l’articulation. Petit à petit le chirurgien crée un espace pour atteindre l’articulation de la cheville.
C’est un moment délicat, il faut éviter l’artère, la veine et le nerf qui sont responsables de la sensibilité du pied. Après plusieurs minutes, le chirurgien atteint son but.
Reproduire la mobilité de la cheville
Pour extraire l’os du tibia et garder le bon axe de la jambe, le médecin utilise un guide. L’objectif est de couper l’os pour faire de la place pour l’implant. Une fois l’os coupé, le guide est enlevé.
"On a retiré cette portion-là du tibia, on voit qu’elle est abîmée, il y a des stries qui montrent son usure. Puis, le chirurgien crée l’espace de la deuxième partie de la prothèse dans le talus. Il s’agit des implants définitifs qui seront implantés dans quelques minutes dans la patiente", commente le Dr Yves Stiglitz.
Le médecin insert les deux parties de la prothèse de la cheville. La partie tibiale reste parfaitement fixe dans le tibia, en revanche le talus, en dessous, la première pièce placée, bouge par rapport au tibia ce qui permet d’assurer la mobilité de la cheville quand le patient marche dessus.
Bloquer la cheville pour la cicatrisation
Après avoir suturée et bandée la cheville de Sarah, le médecin place une botte amovible. L’intérêt est de bloquer la cheville le temps de la cicatrisation, et prendre appui sur le sol pour marcher.
Trois heures après l’intervention, le chirurgien retrouve Sarah pour faire un premier essai.
"Je suis très contente, j’ai hâte de voir les résultats et surtout de ne plus ressentir la douleur", confie Sarah.
Grâce à cette prise en charge, Sarah devrait retrouver une autonomie à la marche d’ici un mois, et une bonne motricité de sa cheville d’ici 6 mois.