Quand sexualité sans pénétration rime avec plaisir et sensations
Si la pénétration a longtemps défini le rapport hétérosexuel, la sexualité sans pénétration est de plus en plus assumée et se révèle fondamentale dans le plaisir des femmes.
La pénétration reste souvent centrale dans notre vision du rapport sexuel. Si elle est indispensable pour la reproduction, elle n'est pas forcément optimale pour le plaisir féminin.
"Historiquement, la sexualité des femmes a longtemps été rattachée à la procréation et au maintien des liens conjugaux, confirme Estelle Lemaire, sexologue sur la plateforme de santé sexuelle féminine Mia.co. "Dans les représentations collectives, les femmes étaient considérées sans désir ni plaisir. Des différences restent toujours très palpables dans l’appréhension de la sexualité féminine et masculine."
Le plaisir féminin, en dehors de la pénétration
Les années 60, la libération de la femme et la contraception ont érigé le plaisir en quête majeure de la sexualité féminine et ont fait évoluer la vision des pratiques sexuelles. "Toutes les enquêtes sur la sexualité et le plaisir féminin montrent que les femmes ont tendance à donner une place beaucoup plus importante à tout ce qui se passe en dehors de la pénétration, qu’à la pénétration", détaille Estelle Lemaire.
Plusieurs facteurs expliquent cet engouement, avec en premier lieu le plaisir... D'après une étude, la fréquence des orgasmes est ainsi supérieure chez les femmes lesbiennes (85%) qu'hétérosexuelles (65%) ou bisexuelles (66%).
"Les femmes pratiquant la sexualité sans pénétration semblent mieux connaitre leur corps et affirmer davantage leurs désirs", explique la sexologue. "Cette sexualité et la diversification des pratiques sexuelles qu'elle amène augmentent la capacité des femmes à potentialiser leurs orgasmes . Et la sexualité non pénétrative constitue un vrai plus pour permettre aux femmes de transposer le plaisir obtenu en solo dans la relation à deux !"
Les mal nommés "préliminaires"
Peu à peu, certains comptes instagram, comme Jouissance club, ou les livres consacrés au clitoris, organe du plaisir chez les femmes, ont mis les mal nommés préliminaires au rang de sexualité à part entière.
"Sans la pression de la performance liée à la pénétration, il est plus facile de se connecter à son corps tout entier", explicite Estelle Lemaire. "Le plaisir n’est possible qu’au travers des ressentis physiques et psychiques. Dans les études et les consultations, les femmes décrivent des sensations souvent beaucoup plus fortes et plaisantes lors de ce qu'on a souvent appelé préliminaires."
L'apprentissage du plaisir se fait tout au long de la vie grâce à la masturbation et aux expériences sexuelles. "Dans les rapports, la femme doit s’émanciper et apprendre à "utiliser" son ou sa partenaire pour jouir, conseille la sexologue. Les caresses sensuelles, les masturbations partagées accroissent sa réceptivité au plaisir sexuel et à la jouissance."
Un cercle vertueux se met en place, bénéfique pour la femme et pour le couple. Si la femme a longtemps été cantonnée à son utérus ou à son vagin, le 21e siècle lui offre une sexualité plus riche, où tout le corps offre une gamme de plaisirs variés, avec en clé de voute le clitoris.