Que penser du vaccin anti-Covid "issu" de plantes ?

Depuis le début de la pandémie, les laboratoires du monde entier se sont lancés dans la course aux vaccins contre le Covid-19. Après les vaccins à ARN messager ou avec vecteur viral, un autre type de vaccin à protéine recombinante pourrait rejoindre l’arsenal thérapeutique. Il s’agit de Covifenz®, développé par la société québécoise Medicago.

Vaccins "issus" de plantes : comment ça marche ?

Ce n'est pas la première fois que des chercheurs tentent de développer un vaccin grâce à des plantes. Plusieurs tentatives ont été menées, notamment contre le virus de la grippe, mais sans succès à ce jour.

Mais de quoi est vraiment composé ce type de vaccin ? Il regroupe des "particules pseudo-virales", appelées PPV, qui sont associées à un adjuvant. Les PPV imitent la structure du virus, mais sans être infectieuses ni capables de se répliquer. 

Comment ces vaccins sont-ils fabriqués ? Pour produire les PPV, les scientifiques vont se servir des plantes comme "mini-usines de production". Les chercheurs ont utilisé une innovation technologique pour "forcer" les plantes à fabriquer les fameuses particules. 

Dans le cas du vaccin anti-Covid Covifenz®, c'est une plante de la famille du tabac, "Nicotiana benthamiana" qui a été utilisée. "Nous leur faisons produire des protéines S de coronavirus [la protéine de surface qui permet au virus de s’ancrer à nos cellules]", explique Nathalie Charland, la directrice principale des affaires scientifiques et médicales de Medicago au journal Quebec Science. "Ces protéines s’assemblent pour former une sorte de capsule sphérique, comme un faux virus", qui correspond au PPV. 

Attention, on ne peut pas pour autant parler de vaccins "bios", ni "à base de plantes".

Un vaccin pour les 18 à 64 ans

Le vaccin Covifenz® est indiqué "chez les personnes âgées de 18 à 64 ans", précise la société Medicago.

Un essai clinique de phase III a déjà été réalisé sur plus de 24 000 personnes au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Mexique, en Argentine et au Brésil. Le vaccin présente une efficacité de 70% contre les formes symptomatiques du Covid-19, rapportent les chercheurs dans une publication récente. Ces résultats sont encourageants mais il faut préciser qu’ils ont été obtenus avant l’apparition du variant Omicron. 

Le vaccin a bien été toléré, et aucun effet secondaire grave n'a été rapporté chez les patients vaccinés, ajoutent les scientifiques. Des réactions classiques comme des douleurs à la suite de l’injection, des maux de tête, de la fatigue, de la fièvre, ou encore des douleurs musculaires ont pu être observées.

Désapprobation de l’OMS

Une ombre au tableau plane toutefois sur l’arrivée potentielle de ce nouveau vaccin… En effet, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) l’a déjà rejeté en mars dernier. La raison ? Le laboratoire Medicago appartient à plus de 20% à une marque bien connue de l’industrie du tabac : Philipp Morris. "L'OMS et l'ONU ont une politique stricte concernant l'engagement avec les industries du tabac et de l’armement", rappelait la Dr Mariangela Simao, directrice général adjoint de l'OMS pour l'accès aux médicaments, les vaccins et les produits pharmaceutiques.

Le Canada est à ce jour le seul pays a avoir autorisé ce vaccin, depuis le 24 février 2022. Les autorités sanitaires ne recommandent Covifenz® que dans des cas bien précis. "Le vaccin de Medicago est une nouvelle option vaccinale contre le Covid-19 qui peut être proposée aux personnes qui n’ont pas pu, en raison de contre-indications, ou qui n’ont pas voulu recevoir un vaccin à ARNm contre la Covid-19", précisait le Ministère de la santé canadien, le 29 avril dernier.     

Les premières doses de Covifenz® pourraient être livrées vers la fin du mois de mai au Canada.      

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