Qu'est-ce que le cancer de la grossesse, pour lequel un traitement a été trouvé ?
Une équipe française d'oncologie a développé un traitement combinant immunothérapie et chimiothérapie pour soigner le cancer de la grossesse, avec des résultats prometteurs.
Avez-vous déjà entendu parler du cancer de la grossesse ? Ce cancer rare, qui touche 200 femmes par an en France, est aussi connu sous le nom médical de "cancer trophoblastique gestationnel". "Il survient dans l’utérus et prend naissance dans les cellules qui forment le placenta, durant la grossesse", fait savoir le CHU de Lyon.
Un nouveau traitement a été présenté ce samedi 14 septembre au congrès annuel de la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO), à Barcelone. Il combine immunothérapie et chimiothérapie et présente d'excellents résultats pour soigner ce cancer.
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Qu'est-ce qu'un cancer trophoblastique gestationnel ?
Le CHU de Lyon distingue deux types de maladies trophoblastiques gestationnelles :
- Des formes bénignes appelées "grossesse môlaire", complète ou partielle (environ 1 pour 1 000 grossesses). La môle complète est une grossesse dans laquelle il n’y a pas d’embryon ou du fœtus ; tandis que dans une grossesse molaire partielle, l’embryon peut se développer mais avec de graves malformations ne permettant pas sa survie. Le traitement repose sur le curetage des parois de l’utérus.
- Des formes malignes, appelées tumeurs trophoblastiques gestationnelles (environ 1 pour 10 000 grossesses). Dans 80% des cas, ces tumeurs font suite à une grossesse môlaire (persistance de tissu môlaire dans la paroi de l’utérus) et dans 10 % des cas, à un accouchement. Ces tumeurs trophoblastiques gestationnelles se traduisent par la persistance de taux élevés d’hCG (hormone de la grossesse), malgré le curetage de l’utérus.
Une forte possibilité de métastases
Les tumeurs trophoblastiques ont un fort potentiel métastatique - notamment aux poumons, au cerveau et au foie - et nécessitent un traitement précoce et adapté, poursuit le CHU de Lyon.
"Ainsi, la prise en charge de ces patientes doit se faire en lien avec un centre expert labélisé, rattaché au Centre national de référence des maladies trophoblastiques", fait savoir l'hôpital.
Quels sont les traitements actuels ?
"Le traitement des tumeurs trophoblastiques gestationnelles considérées à bas risque de résistance à la chimiothérapie repose sur la prescription d’une mono-chimiothérapie qui conduit, dans la majorité des cas, à une guérison complète sans altération de la fertilité", indique un communiqué des Hospices Civils de Lyon.
Toutefois, certaines patientes ne répondent pas au traitement et leur taux de hCG demeure élevé. Elles sont alors souvent traitées par une polychimiothérapie combinant cinq molécules, et dont la toxicité immédiate et retardée est importante.
"Ce protocole fait partie des traitements les plus toxiques que nous ayons à administrer", explique le Pr Benoît You, oncologue médical aux Hospices Civils de Lyon.
Une combinaison de deux traitements
C'est pourquoi le Pr Benoît You et son équipe de chercheurs ont décidé de combiner le méthotrexate à une immunothérapie, l’avélumab, dans le cadre d'un essai clinique.
Selon le communiqué, sur 15 patientes résistantes à la mono-chimiothérapie, "huit patientes sont vraisemblablement guéries avec un taux de hCG normalisé et un traitement stoppé".
Cinq patientes ont pu échapper à la toxicité sévère de la polychimiothérapie grâce au nouveau traitement, et une patiente guérie a pu mener à bien une grossesse, à l’issue des traitements. Au regard de ces excellents résultats, "on va peut être pouvoir éradiquer un cancer", explique le Pr Benoît You plein d'espoir à nos confrères de France 2.