Qu'est-ce que le syndrome de la peau rouge ?
L'arrêt d'application quotidienne et prolongée de corticoïdes peut rendre la peau rouge et provoquer des sensations de brûlures. Ce syndrome de la peau rouge est mal connu des patients et des médecins. Pourtant, il peut être évité ou traité quand il survient.
"Le syndrome de la peau rouge est une maladie réelle, parfaitement connue dans le cadre de l'eczéma", affirme d'emblée le Dr Jean-Marc Chavigny. Il fait partie des experts nationaux de l'eczéma et tient une consultation dédiée à cette pathologie.
Egalement connu sous le nom "syndrome de la peau en feu", le syndrome de la peau rouge provoque des rougeurs de la peau, des sensations de brûlure et de picotements, des suintements, une peau très sèche, ou encore des bouffées de chaleur au niveau du visage...
Un mauvais usage des traitements
Ce syndrome survient lorsque les dermocorticoïdes (crèmes à base de corticoïdes comme la "cortisone" utilisées dans le traitement de l'eczéma) sont appliqués de façon quotidienne et prolongée.
A l'arrêt, certains patients ont un phénomène de rebond : les lésions s'aggravent et sont présentes sur des parties de peau qui n'étaient pas traitées (notamment sur le visage et les parties génitales).
"Le syndrome correspond souvent à un traitement mal compris, donc mal expliqué", déplore le Dr Chavigny. "Ce qui est dramatique avec le syndrome de la peau rouge, c'est qu'il relève le plus souvent d'erreur de prescription : on ne prescrit pas des corticoïdes 5 fois par semaine sur le long terme ! C'est possible lors des poussées quelques fois par an, mais sur un eczéma sévère par exemple c'est une erreur médicale."
Autre cause plus rare de peau rouge, souvent confondue avec ce syndrome : une autre affection dermatologique, induite par les dermocorticoïdes, comme la rosacée, l'acné ou la dermite séborrhéique. "Elles doivent être traitées en parallèle de l'eczéma pour améliorer les lésions du syndrome", confirme le Dr Chavigny."
Comment éviter le syndrome de la peau rouge ?
Le mode d'emploi des dermocorticoïdes est très encadré, afin de limiter les effets secondaires.
"L'objectif est double, avec en traitement de fond une quantité totale ne dépassant pas 2 tubes de 30 grammes par mois et une fréquence d'application de la crème au même endroit, inférieure à 2 fois par semaine", détaille le Dr Chavigny. "Ainsi, le risque de syndrome de la peau rouge est très faible, même s'il existe."
De plus, les facteurs aggravant la maladie comme les irritants, les allergies, les émotions et les microbes doivent être bien gérés, selon le dermatologue.
"Le mode de vie est un élément fondamental", ajoute le
Dr Chavigny, qui anime des ateliers d'éducation thérapeutique dans les maladies
chroniques.
"L'alimentation, la gestion du stress, le respect de son rythme, les activités personnelles... sont très importants dans les maladies chroniques, y compris
l'eczéma. Le comprendre permet de favoriser une atmosphère globale, qui diminue
l'eczéma."
Comment soigner les eczémas sévères ?
En revanche, si l'eczéma du patient nécessite une fréquence plus élevée de dermocorticoïdes ou si le patient commence à présenter une peau rouge en respectant les règles de prescription, une alternative doit absolument être trouvée.
"Elle existe avec le tacrolimus en pommade, médicament
n'entraînant pas de syndrome de la peau rouge", confirme le Dr Chavigny.
Pour
les eczémas plus sévères, il existe aussi des traitements en comprimés ou en
injection qui évitent d'avoir recours à des doses trop importantes de dermocorticoïdes.
Pour en savoir plus :
- Vidéo du Dr Chavigny pour la Fondation eczéma : comprendre et éviter le syndrome de la peau rouge
- Revue systématique de la National eczema association : A systematic review of topical corticosteroid withdrawal (‘‘steroid addiction’’) in patients with atopic dermatitis and other dermatoses