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Réanimation : diminuer le bruit des alarmes pour mieux soigner

Chaque jour dans les services de réanimation, des milliers d’alarmes sonnent en permanence. Une source d’anxiété pour le personnel et d’inconfort pour les patients. Reportage au CHU de Rennes qui a réduit son nombre d'alarmes.

Adélie Floch
Rédigé le
Réanimation : Diminuer le bruit pour mieux soigner  —  Le Mag de la Santé - France 5

À l’hôpital, le service de réanimation est l’un des plus bruyants, avec des centaines d’alarmes quasi-continues. Mais au CHU de Rennes, ce service est étrangement calme.   

Des seuils abaissés, sans mise en danger

"Cela fait une ou deux minutes qu’on n'a pas entendu d’alarmes, ce n'est pas habituel. On avait 180 alarmes par patient par jour, donc si vous êtes sur un module de huit patients, ça fait plus d’un millier d’alarmes par jour. En gros, il y a toujours une alarme qui sonne", explique le Dr Adel Maamar, praticien hospitalier en réanimation médicale.
  
Fréquence cardiaque et respiratoire, saturation en oxygène, l'hôpital rennais a revu les paramètres de ses appareils pour définir de nouveaux seuils d’alerte et adapter la surveillance à chaque malade.  

Pour un patient intubé par exemple, il est inutile de surveiller sa fréquence respiratoire avec cet appareil. "En ventilation mécanique, il y a une ampliation thoracique moins importante, et le capteur de fréquence respiratoire donne des chiffres incorrects et souvent trop bas. Cela génère des alarmes intempestives, on est certain que c’est une alarme non-pertinente. Le simple fait d’inhiber cette alarme-là sur le profil intubé fait économiser plusieurs milliers d’alarmes, sans mettre en danger le patient", commente le Dr Adel Maamar.

Une cause d'inconfort et de fatigue

Selon les soignants, plus de 70 % des alarmes en réanimation ne sont pas pertinentes, c'est-à-dire qu’elles ne mènent pas à un acte médical. C'est un bruit permanent qui fatiguait l’équipe de soin.  

"Trop d’alarmes saturaient nos esprits. Cela rajoutait du bruit au bruit, de la charge de travail à une charge de travail qui était déjà très lourde. Enlever un petit peu de stress, un peu de charge de travail même si dans la globalité, on est un service lourd, c’est toujours ça de gagné", explique Fabien Cambert, infirmier en réanimation chirurgicale.   

Plus de confort pour les professionnels, mais aussi et surtout pour les patients qui subissent des soins très lourds jours et nuits."Les patients qui sont pris en charge en réanimation ont un sommeil qui est déstructuré et donc ils ont très peu de temps continu pour pouvoir se reposer, récupérer. Le fait d'ajouter des alarmes peut être un facteur supplémentaire qui vient interrompre un sommeil ou une phase de récupération au cours de leur hospitalisation", confie le Dr Yoann Launey, chef du service de réanimation chirurgicale au CHU de Rennes.   

Moins d'alarme pour moins d'incidents

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, des machines qui sonnent moins permettent aussi d’éviter des incidents graves. C'est pourquoi depuis trois ans, les autorités sanitaires recommandent aux hôpitaux de réduire les signaux sonores.   

"Un trop grand nombre d’alarmes peut mener à une désensibilisation du personnel soignant et donc à un retard de prise en charge. Cela montre bien que la gestion des alarmes au sein d’un service de soins et notamment en réanimation, est un enjeu majeur pour la sécurité des patients", confirme Pascal Di Donato, chef de pôle à la direction des dispositifs médicaux. À Rennes, le nombre d’alarmes a déjà diminué de 20 % et l’hôpital compte encore les réduire. 

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