Sainte-Soline : qu'est-ce que l'"entrave aux secours" pour laquelle une plainte a été déposée ?
Samedi 25 mars, de violents affrontements ont éclaté à Sainte-Soline lors d'une manifestation contre un projet de méga-bassines. Une plainte a été déposée pour "tentative de meurtre" et "entrave aux secours".
Les rebondissements ne cessent de se multiplier dans l'affaire Sainte-Soline. Les parents d'un manifestant de 32 ans, actuellement dans le coma, viennent de porter plainte contre X pour "tentative de meurtre" et "entrave volontaire à l'arrivée des secours".
La victime originaire de Toulouse a été grièvement blessée à la tête. Son pronostic vital est toujours engagé. Mais à quoi correspond le délit d'entrave aux secours ? Sylvia Berdin, juriste, nous explique la différence avec le motif de "non-assistance à personne en danger" : ce dernier désigne"le fait de ne pas appeler les secours et de ne rien faire lorsque l'intégrité corporelle d'une personne est mise en danger". Dans le cas de l'entrave aux secours, cela signifie que les secours ont été empêchés d'intervenir.
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Le SAMU interdit de secourir ?
En effet, une vive polémique entoure la prise en charge de cet homme. Des observateurs de la Ligue des droits de l'Homme, présents sur les lieux, ont noté "plusieurs cas d'entraves par les forces de l'ordre à l'intervention des secours", en particulier sur une situation d'urgence vitale, celle de ce manifestant.
"Nous espérons qu'il pourra sortir du coma, que son état s'améliorera et qu'il ne souffrira pas de graves séquelles. Ses proches sont déterminés à témoigner et faire la lumière sur ce qui s'est passé", ont indiqué les organisateurs de la manifestation.
Des enregistrements accablants
Mardi 28 mars, nos confrères du Monde révélaient un enregistrement montrant que le SAMU n'a pas eu l'autorisation d'intervenir. Cet échange avec le SAMU a été relayé par Mediapart.
Face à cette accusation, la préfète des Deux-Sèvres a publié un droit de réponse via un communiqué de presse.
Un bilan très lourd
À l'origine, une manifestation organisée samedi 25 mars qui a rassemblé des milliers de personnes venues s'opposer à un projet de méga-bassines, d'immenses "piscines" au milieu de champs pour prélever de l'eau des nappes phréatiques en vue d'irriguer les cultures.
Mais le rassemblement a dégénéré. Des affrontements violents ont opposé les manifestants aux forces de l'ordre. Ainsi, plus de 5 015 grenades lacrymogènes ont été tirées et 81 tirs de LBD ont été enregistrés.
Bilan : selon le parquet de Niort, 47 gendarmes ont été blessés et sept manifestants ont été officiellement secourus, dont trois hospitalisés avec deux pronostics vitaux engagés. Les organisateurs évoquent 200 manifestants blessés, dont 40 graves avec de nombreuses "mutilations" dont une perte d'œil.