Chine : des escrocs commercialisaient des vaccins périmés
Plus de 130 suspects ont été arrêtés dans le cadre d'un scandale de ventes de vaccins périmés, qui ravive les inquiétudes sur la sécurité sanitaire, selon les médias d'Etat chinois.
Des vaccins, dont beaucoup de périmés, stockés et transportés illégalement ou de façon inadéquate, auraient été vendus pour une valeur totale de plus de 570 millions de yuans (78 millions d'euros), selon l'agence Chine nouvelle.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), si des vaccins périmés ou mal conservés perdent en efficacité, ils ne constituent un risque qu'en raison de leur inutilité, laissant les patients sans protection contre les maladies visées. "[Ces produits devenus inefficaces] causent rarement, voire jamais, des réactions toxiques – par conséquent il est probable que le risque sanitaire soit minimal dans ce cas particulier", précise l’organisation.
Une affaire dissimulée durant de nombreux mois
L'opinion chinoise est révoltée par le décalage entre la récente révélation de l'affaire par les autorités et le fait que les deux principales suspectes, une mère et sa fille originaires de la province du Shandong, ont été arrêtées il y a plus d’un an.
Depuis 2010, le duo a vendu 25 types de produits, dont des vaccins contre la polio, la rage, l'hépatite B ou encore la grippe, a précisé le magazine chinois Caijing, qui cite des officiels de la sécurité des médicaments.
Sur CCTV, la télévision d'Etat, le vice-responsable de l'Administration des produits alimentaires et médicamenteux a déclaré ce 24 mars que le fait qu'un "grand nombre de vaccins aient été écoulés par des filières illégales sans que les autorités ne s'en rendent rapidement compte montre qu'il y a des failles dans nos régulations".
CCTV ajoute que, lors de la même conférence de presse, le vice-directeur du ministère de la Sécurité publique a assuré qu'il menait une enquête "approfondie" sur cette affaire.
Les 19 et 20 mars, les autorités ont identifié 107 grossistes ayant fourni les deux femmes en vaccins, et 193 détaillants considérés comme leurs ex-clients.
Ce 23 mars, une femme originaire de la province de l'Anhui (est) a été condamnée à trois ans de prison et 10.000 yuans d'amende (1.380 euros) pour avoir vendu de faux vaccins antirabiques, entraînant la mort d'un patient, a annoncé le portail internet Anhui News, sans cependant préciser l'origine des produits.
Scandales à répétitions
Ce scandale sanitaire est le dernier d'une longue série en Chine, le plus retentissant ayant été en 2008 celui du lait en poudre frelaté ayant provoqué l'intoxication de quelque 300.000 enfants et la mort de six d'entre eux.
Le vice-responsable de l'Administration des produits alimentaires et médicamenteux a reconnu ce 24 mars des imperfections dans le système, d'après le "réseau social légitime" de CCTV, la télévision d'Etat.