Faux médicaments : une escroquerie rentable et meurtrière
Plus de 20 millions de médicaments contrefaits ont été saisis courant juin lors d'une vaste opération policière impliquant 115 pays, a annoncé Interpol ce 18 juin. L’organisation rappelle les dangers de ces produits illicites, qui peuvent "ne pas contenir la bonne quantité de substance active, ne pas en contenir du tout, ou contenir un ingrédient différent" et font ainsi "courir différents risques aux patients et peuvent, dans le pire des cas, provoquer une crise cardiaque, un coma ou la mort".
Menée entre le 9 et le 16 juin 2015, l'opération "Pangea VIII" a permis l'arrestation de 156 personnes à travers le monde et la saisie de 20,7 millions de médicaments contrefaits d'une valeur estimée à 81 millions de dollars (71 millions d'euros, voir encadré), a précisé l'organisation internationale de coopération policière, basée à Lyon, dans un communiqué.
Les saisies record de "Pangea VIII", qui visait notamment la vente de ces faux médicaments via des officines illégales sur Internet, représentent plus du double de celles réalisées en 2013 lors d'une précédente opération. L'action des différentes polices mondiales a permis la suspension de 550 publicités en ligne pour des produits pharmaceutiques illégaux et la fermeture de 2.414 sites Internet.
Les trois quarts de ces produits proviennent d'Asie, principalement d'Inde. En France, les spécialités concernées seraient surtout des médicaments contre le dysfonctionnement érectile ou des compléments alimentaires. Dans d’autres pays, des faux médicaments sont vendus pour lutter contre l'hypertension artérielle ou le cancer.
A côté des actions sur la toile qui ont également permis de démanteler des systèmes de paiement électronique et de livraison, des perquisitions sur le terrain ont abouti à la découverte d’entrepôts remplis de médicaments contrefaits ou périmés, par exemple en Indonésie où ces produits étaient destinés à approvisionner les rayonnages de pharmacie.
Médicaments illégaux
A côté de ces faux médicaments et substances périmées, le coup de filet a également porté sur la fabrication illégale de produits dopants. Les gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP) ont ainsi interpellé six personnes "qui fabriquaient illégalement des produits dopants". Lors des perquisitions, les militaires ont découvert quantité de stéroïdes anabolisants (472 flacons, 3.240 comprimés), d'hormones (400 comprimés), d'insuline (270 cartouches et 20 seringues), de contrefaçon de médicaments érectiles (68 comprimés) et des produits pharmaceutiques non encore identifiés (92 flacons et 700 gélules).
"Via internet, ils se fournissaient en étiquettes avec codes et marques, autocollants holographiques, matériels de laboratoire", détaille le communiqué des douanes et de la gendarmerie.
Vente de produits de régimes toxiques
La collaboration internationale entre le Canada, la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, Interpol et des acteurs du secteur privé, comme le fournisseur d'accès à internet Google, a permis la fermeture de deux noms de domaine vendant un produit de régime illicite et potentiellement mortel, le 2.4 dinitrophenol (autrement appelé DNP), célèbre chez les adeptes du culturisme et des régimes.
A la demande des autorités françaises, Interpol avait lancé une alerte en mai, via une "notice orange", sur les dangers de cette substance qui a provoqué la mort d'une femme outre-Manche et a rendu un homme gravement malade en France après avoir acheté ce produit sur Internet.
Avec AFP
Selon l’Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (Iracm), le crime organisé lié aux médicaments permet un "très fort retour sur investissement" aux faussaires.
Selon les chiffres de l'Iracm, alors que 1.000 dollars investis dans le trafic de drogue rapportent 20.000 dollars, le gain dans la contrefaçon de médicaments peut atteindre 200.000 à 500.000 euros.