By-pass gastrique : efficace à long terme chez l'adolescent
Chez les adolescents souffrant d'obésité morbide, la chirurgie bariatrique par "by-pass gastrique" semble assurer une perte de poids importante sur le long terme, selon deux études publiées ce 6 janvier dans la revue The Lancet Diabetes & Endocrinology. Toutefois, deux interventions sont parfois nécessaires pour atteindre cet objectif.
Si plusieurs études de grande envergure ont permit d’évaluer l’intérêt et l’efficacité de différentes techniques de chirurgie bariatrique chez des individus souffrant d’obésité morbide (voir encadré), leurs effets à long terme chez les adolescents n’avait pas fait l’objet de travaux poussés.
Une procédure chirurgicale bariatrique n'est proposée qu'en dernier recours, après l'échec de tous les régimes, et lorsque la vie du patient est en jeu en raison des facteurs de risque associés à l'obésité comme le diabète ou l'hypertension artérielle. Parmi les diverses techniques existantes, les auteurs des études publiées ce 6 janvier dans The Lancet Diabetes & Endocrinology se sont concentrés sur celle du by-pass gastrique – une opération consistant à "court-circuiter" une grande partie de l'estomac.
La première étude a porté sur 58 adolescents américains âgés de 13 à 21 ans dont l'IMC moyen a été réduit de 58,5 à 36 un an après l'intervention. À l'issue d'un suivi moyen de huit ans, leur IMC s'était stabilisé à 42, soit une perte moyenne de poids de l'ordre de 30% (environ 50 kilos) par rapport à leur poids avant l'intervention. Dans le même temps, le pourcentage de diabétiques est tombé de 16 à 2%, d'hypertendus de 47 à 16% et de ceux souffrant d'un cholestérol trop élevé de 86 à 38%. Seuls effets secondaires notables, une réduction de leurs niveaux de vitamine D ou de vitamine B12 ainsi qu'une anémie résultant d'une moins bonne absorption alimentaire.
La seconde étude, portant sur 81 adolescents suédois dont l'IMC moyen avoisinait les 43 avant l'intervention, montre également une perte de poids de l'ordre de 28% au bout de 5 ans ainsi qu'une diminution notable des cas d'hypertension et d'hypercholestérolémie, et une "rémission" des cas de diabète. Toutefois, un quart d'entre eux a dû être réopéré par la suite pour des complications telles que des occlusions intestinales ou des calculs biliaires. Par ailleurs, près des deux tiers manquait de vitamine D, qui joue un rôle essentiel dans la fixation du calcium par l'organisme, et un tiers présentait une anémie au bout de cinq ans, selon cette étude.
"Si certains patients ont dû faire face à des complications, ceux qui n'ont pas été opérés continuent souvent à prendre du poids, ce qui entraîne des risques pour leur santé tout au long de leur vie" relève le Dr Torsten Olbers de l'Université suédoise de Göteborg.
Dans un commentaire joint aux études, le Pr Geltrude Mingrone de l'Université catholique de Rome relève que "seule la chirurgie bariatrique peut entraîner une perte de poids aussi importante avec une reprise relativement faible avec le temps". Mais comme cette chirurgie peut avoir un impact sur la croissance, il est important, selon elle, que des recommandations définissent à partir de quel âge elle doit être pratiquée chez l'adolescent.
L'impact psychologique de la chirurgie bariatrique sur les adolescents n'a pas été exploré dans ces études.
avec AFP
On parle d'obésité pour un indice de masse corporelle (IMC) situé entre 30 et 40 et d'obésité morbide au-delà de 40. L'IMC est calculé en tenant compte du poids et de la taille, un IMC de 40 correspondant par exemple à une personne mesurant 1,60 m et pesant 103 kilos. L'obésité morbide toucherait environ 4,6 millions d'enfants et d'adolescents aux États-Unis, selon des données relayées par l’Agence France Presse.