J'ai peur du dentiste... que faire ?
Qui n'a jamais eu les mains moites sur le fauteuil du dentiste ou le coeur qui s'accélère au bruit de la fraise ? Un Français sur quatre serait concerné par la fameuse peur du dentiste. Existe-t-il des solutions pour la surmonter ?
Même si les techniques ont évolué, la peur du dentiste est encore très présente. Et un véritable cercle vicieux peut s'installer. On recule l'échéance et de ce fait, le risque de développer des caries et des maladies de gencives est important. Finalement, une petite carie qui aurait pu être soignée sans aucune douleur grâce à l'anesthésie peut aboutir à une rage de dent ou à un abcès qui va mettre en danger une dent. La peur du dentiste peut conduire à un délabrement de la bouche et il faut absolument lutter contre cette peur.
Une peur très ancrée culturellement
Quand on se rend chez le dentiste, on a souvent en tête l'image de l'arracheur de dents, ce visage grimaçant et les mains crispés de l'homme qui subit les assauts du dentiste sur la lithographie de 1830 et c'est loin d'être un fantasme. L'arracheur de dent a réellement existé. Au XVIIe siècle, le dentiste est un charlatan. C'était un voyageur, un homme de théâtre, le public s'attroupait, riait. Tout le monde s'amusait.
À la fin d'une représentation, il se vantait d'avoir soigné les plus grands de ce monde et appellait ceux qui ont mal aux dents à venir se faire soigner sur scène. En promettant de calmer la douleur grâce à des potions. Il y avait toujours un courageux pour monter sur scène, il se faisait arracher une dent devant tout le monde et... sans anesthésie.
"Mentir comme un arracheur de dents"...
Ces extractions se faisaient en public car à l'époque, il n'y avait pas la télévision. Aller regarder les supplices sur la place publique était monnaie courante. Les charlatans en profitaient pour vendre leurs fioles d'anti-douleurs. Car leur but n'était absolument pas de soigner, ils n'avaient d'ailleurs aucune connaissance médicale, mais bien de faire de l'argent. On comprend donc mieux pourquoi les dentistes ont toujours du mal, encore aujourd'hui, à ne pas faire peur aux gens. Mais cela a bien évolué. Aujourd'hui, les chirurgiens-dentistes sont de vrais médecins et disposent de réels moyens pour éviter la douleur et par la même occasion d'avoir moins peur.
Nos dents sont implantées dans l'os et elles sont formées de trois parties. D'abord, il y a l'émail qui est la couche la plus externe de la dent, l'émail est le tissu le plus dur de l'organisme. Ensuite il y a la dentine qui est traversée par de petits canaux qui communiquent avec la pulpe dentaire située au coeur de la dent. La pulpe est formée de petits vaisseaux et de filets nerveux. Ce sont eux qui confèrent à la dent sa grande sensibilité. Quand une carie atteint la dentine ou la pulpe, elle devient douloureuse. Pour la soigner sans douleur, il faut absolument anesthésier ces filets nerveux.
Comment fonctionne une anesthésie ?
Le principe d'une anesthésie dentaire la plus courante est d'injecter un produit qui va bloquer la transmission du message nerveux. On l'injecte dans la muqueuse à la base de la dent et ensuite ça diffuse dans l'os jusqu'aux nerfs qui remontent dans les racines dentaires. L'inconvénient, cela va aussi diffuser dans les joues, la lèvre.
Avec cette méthode, certaines dents sont difficiles à anesthésier comme par exemple celles qui sont positionnées sur la mâchoire du bas. En effet, l'os y est très dense et le produit a du mal à diffuser correctement jusqu'au nerf.
Qu'est-ce que le queek-sleeper ?
Le queek-sleeper est une technique d'anesthésie qui permet de résoudre ces deux problèmes en même temps. Il n'a pas la forme classique d'une seringue, ce qui est un peu moins anxiogène surtout pour les enfants. C'est l'assurance d'une anesthésie efficace rapidement. Le principe consiste à injecter quelques gouttes dans la gencive en surface sans douleur grâce une aiguille taillée en biseau.
Ensuite, grâce à un petit moteur, on fore un petit trou avec l'aiguille pour pénétrer dans l'os ce qui permet d'injecter le produit juste au pied des racines de la dent. Le produit diffuse ainsi facilement le long des filets nerveux et de la pulpe. Avec cette méthode, l'effet est beaucoup plus localisé, ce qui évite cette sensation de lèvre engourdie qui "pendouille".
Quand la peur n'est toujours pas surmontée
Quand on est traumatisé par une mauvaise expérience, la première chose à faire est d'en parler à son dentiste. Il pourra expliquer pas à pas le déroulement des soins. Savoir ce qu'il se passe dans votre bouche sans chercher à interpréter les bruits ou les sensations est essentiel pour diminuer l'angoisse.
Vous pouvez aussi vous diriger vers un praticien formé à l'hypnose. Tout au long du soin, il pourra vous guider vers un état de conscience modifié qui vous permettra de mieux vivre le soin, d'être moins focalisé sur les sensations que vous trouvez désagréables. Pour les personnes les plus angoissées, on peut utiliser le MEOPA. C'est le célèbre gaz hilarant, le protoxyde d'azote, mélangé à part égale avec de l'oxygène. Quand on le respire, il a un effet anxiolytique, antalgique et euphorisant. Les perceptions sensorielles sont modifiées mais on est capable d'interagir avec son entourage. Il agit très rapidement et l'effet se dissipe en quelques minutes. Il a aussi un effet amnésiant, cette propriété est plutôt intéressante pour éviter les traumatismes.
La peur a souvent pour origine un souvenir traumatisant, il faut donc essayer d'oublier un peu les sensations. Au cabinet dentaire, tout est propice à se rappeler une mauvaise expérience et beaucoup de sens sont stimulés : la vue, l'ouïe, l'odorat. Tout le monde connaît l'odeur du clou de girofle, le bruit de la fraise et la lumière du scialytique. Mais il existe des petits "trucs" simples pour les contourner. Ils sont utilisés dans les cabinets pour les enfants. On peut porter des lunettes teintées quand on est sur le fauteuil, mettre ses écouteurs avec sa musique préférée pour couvrir le bruit de la fraise pendant un soin. Et pourquoi pas un petit peu de baume à la fraise sur les narines pour masquer les odeurs.
Si vous avez peur du dentiste, un petit conseil pour ne pas la transmettre à vos enfants et petits-enfants. Ne parlez pas de vos expériences. Laissez-les se faire leur propre idée. S'ils posent des questions, essayez de leur expliquer les choses simplement sans utiliser les mots piqûre par exemple. Rassurez-les en utilisant des phrases comme "Tu ne vas rien sentir" et "Ne t’inquiète pas ça ne fera pas mal". Car l'enfant ne retiendra que les mots "mal" et "inquiétude".
Consultez un dentiste tous les ans pour un contrôle même si vous avez peur et n'hésitez pas à utiliser les moyens pour la maîtriser plutôt que de laisser votre bouche se détériorer. Plus vous attendez, plus les soins risquent d'être longs et inconfortables.