Quand les dentistes se forment à l'étranger
La France serait-elle devenue l'eldorado des jeunes dentistes étrangers ? Plus d'un tiers des nouveaux dentistes exerçant en France, en 2014, ont été formés en dehors de l’Hexagone, essentiellement en Roumanie, en Espagne et au Portugal. Un chiffre en hausse par rapport à 2013, selon l'Ordre national des chirurgiens-dentistes.
Sur les 1.466 chirurgiens-dentistes qui se sont inscrits pour la première fois au tableau de l'Ordre en France en 2014, 510 praticiens ont obtenu un diplôme hors de France. Soit 34,7% des "primo-inscrits", précise l'Ordre dans un article publié sur son site internet, rappelant que cette part atteignait 27,9% en 2013.
La grande majorité d'entre eux (477) ont obtenu leur diplôme au sein de l'Union européenne, en particulier en Roumanie, en Espagne et au Portugal. L'Ordre recense ainsi "218 diplômes roumains (contre 205 en 2013), 132 espagnols (contre 96 en 2013), et 74 portugais (contre 56 en 2013)".
L'origine du diplôme ne correspondant pas forcément à la nationalité de son détenteur, 202 praticiens roumains, 102 espagnols et 77 portugais se sont inscrits pour la première fois à l'Ordre en 2014. Des chiffres en forte augmentation depuis quatre ans, le nombre de praticiens roumains arrivant en France, par exemple, ayant plus que triplé depuis 2010, où ils n'étaient que 57 à s'inscrire.
D'après le président de l'Ordre Christian Couzinou, un "meilleur niveau de vie" permet d'expliquer l'attrait de l'Hexagone pour ces dentistes, par ailleurs confrontés à une concurrence plus rude dans leur pays d'origine. "En Espagne et en Roumanie, ils en forment tellement qu'il y a trop de chirurgiens-dentistes" par rapport à la population, commente M. Couzinou.
Quant aux primo-inscrits de nationalité française, leur part n'a cessé de diminuer, passant de 85,60% en 2010, à 69,50% en 2014, soit 1.019 praticiens.
Parmi eux, "80 Français se sont formés à l'étranger (dont 28 en Espagne, 11 en Belgique, 11 en Roumanie et 11 en Algérie)". Un chiffre qui a quasiment doublé par rapport à 2013, où ils n'étaient que 45. Pour l'Ordre, il confirme "la tendance" des Français à se former hors de l'Hexagone, en particulier en Roumanie et en Espagne.
Ces étudiants qui cherchent à contourner le numérus clausus et la première année commune aux études de santé (PACES) reviendront sûrement s'installer en France, estime M. Couzinou. "On n'a pas encore vu la vague, mais dans deux ou trois ans il va y avoir une flopée qui va arriver", prévient-il.