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Quel futur remboursement pour les prothèses dentaires ?

Emmanuel Macron a promis que d'ici la fin du quinquennat, tous les Français pourraient se faire poser des prothèses dentaires sans avoir à débourser un euro. Les négociations entre la Sécurité sociale et les dentistes, qui ont lieu actuellement, s'annoncent compliquées. Explications.

Maroussia Renard
Rédigé le , mis à jour le

La promesse du reste-à-charge zéro concerne aussi les lunettes et les prothèses auditives, mais c'est bien en dentaire que les attentes sont les plus importantes. Et pour cause, on constate dans ce domaine le plus de renoncements aux soins pour raisons financières. On estime que 4,7 millions de personnes renoncent chaque année à se faire poser une prothèse dentaire, le plus souvent par crainte de la facture.

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Les fausses dents sont presque devenues un luxe. Une couronne coûte en moyenne 541 euros (de 375 à plus de 1.000 euros en fonction de la ville). Et la Sécurité sociale ne rembourse que 75,25 euros, quel que soit le prix. Le patient doit donc payer de sa poche environ 135 euros, même s'il a une bonne mutuelle.

Objectif : supprimer le reste-à-charge

L'objectif de la réforme est de supprimer le reste-à-charge. Un casse-tête parce qu'en France, les tarifs des prothèses ont toujours été libres. Les seuls tarifs encadrés sont ceux des soins dits conservateurs : détartrage, traitement d'une carie... Pour les prothèses, chaque dentiste fait comme il veut, à condition de présenter un devis au patient.

L'idée de cette réforme n'est pas d'offrir un sourire de star à tout le monde mais de déterminer un panier de soins, autrement dit de sélectionner un certain nombre de prothèses de qualité, mais pas les plus sophistiquées, qui sont essentielles et donc auxquelles les patients doivent avoir accès sans rien débourser.

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Un reste-à-charge choisi et non subi

Pour l'instant, la proposition de l'Assurance maladie est un peu complexe avec des tarifs différents selon la localisation de la dent et le matériau utilisé. Si la dent à soigner est une dent de devant (canine ou incisive), le patient pourra se faire poser une couronne céramo-métallique sans rien avoir à payer. En revanche, s'il s'agit d'une dent moins visible (à partir de la deuxième prémolaire), les seules couronnes entièrement remboursées seront les couronnes métalliques. Dans cette liste de prothèses entièrement prises en charge, on trouve aussi des appareils pour dents manquantes, mais pas avec les matériaux les plus nobles.

Ces prothèses "reste-à-charge zéro" ne sont pas une obligation. Le dentiste peut très bien proposer une prothèse plus haut de gamme, par exemple tout céramique, et de son côté, le patient reste libre d'avoir des exigences esthétiques plus poussées, mais dans ce cas il devra le prendre en charge.

Quelles conséquences pour les dentistes ?

Les tarifs de certaines prothèses seront donc plafonnés et les dentistes risquent de gagner beaucoup moins d'argent. Aujourd'hui, les prothèses représentent seulement 11% des actes des dentistes mais 55% de leur chiffre d'affaires. Or, selon les dentistes, avec cette réforme, la majorité des patients vont se reporter sur les prothèses entièrement remboursées et donc ils ne pourront plus compter sur leur liberté tarifaire pour faire tourner leurs cabinets. Il s'agit en effet d'un effet pervers du système instauré il y a maintenant trente ans. Les tarifs des soins conservateurs imposés par la Sécu ont toujours été très bas et tacitement, les dentistes étaient autorisés à se rattraper sur les prothèses grâce aux honoraires libres.

La réforme du reste-à-charge zéro change la donne. La Sécu en a conscience. Du coup, pour compenser le manque à gagner sur les prothèses, elle propose de revaloriser les tarifs des soins conservateurs. Et cette décision est loin d'être symbolique : en fonction des actes, cela va de 10 à 60% en plus. Mais quand les dentistes font leurs calculs, le compte n'y est pas, et cette réforme risque de mettre en difficulté certains cabinets.

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Qui va payer l'addition des prothèses sans reste-à-charge ?

Même si les prix vont baisser, il faut tout de même que quelqu'un paie ces prothèses à la place du patient. La Sécu s'est engagée à faire un effort, mais il ne sera pas démesuré. Par exemple, pour une couronne céramo-métallique à 541 euros, la Sécu remboursait jusqu'à présent 75,25 euros, elle prévoit désormais de rembourser 84 euros.

En réalité, ce sont les complémentaires santé qui vont régler la facture, puisque elles sont déjà les principaux payeurs du dentaire en France. Problème, Emmanuel Macron avait promis que cette réforme se ferait sans aucune augmentation des cotisations des mutuelles pour les Français. Or, on a du mal à voir comment elles vont accepter de payer encore plus (la réforme reste-à-charge zéro dentaire + optique + audioprothèses = 4 à 5 milliards d'euros) sans répercuter le coût sur les assurés. Cela ressemble à une usine à gaz, et il ne reste plus beaucoup de temps pour négocier. Le gouvernement s'est fixé pour objectif de régler la question d'ici le mois de juin 2018, même s'il faudra attendre la fin du quinquennat pour l'entrée en vigueur officielle de la réforme.

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