Des initiatives pour pallier la pénurie de respirateurs
Samedi le gouvernement annonçait vouloir atteindre un objectif de 14 000 lits de réanimation. Ce qui sous entend autant de respirateurs qui, à l’image des masques et des gants, viennent à manquer cruellement. Pour remédier à cette pénurie, des idées foisonnent pour fabriquer des respirateurs de fortune. Que faut-il en penser ?
Comment expliquer la pénurie ?
Il existe une multitude de respirateurs pour chaque stade de la maladie. Les plus performants sont ceux utilisés en réanimation. Ils sont vitaux pour les malades gravement atteints par le coronavirus, qui s’attaque aux voies respiratoires. La plupart des malades sont inconscients, et ne peuvent plus respirer de façon autonome. Sans ces respirateurs, ces malades risquent de mourir.
Un tube est placé dans la trachée ou dans le nez, il faut programmer le volume, le débit, ou la pression d’oxygène à envoyer sur mesure pour le patient, et on lui assure ainsi une respiration artificielle.
Ces machines coûtent plusieurs milliers d’euros, l’équivalent d’une voiture haut de gamme, il est donc impossible de bricoler un modèle de fortune.
Pourtant, ils sont vitaux pour 5% des malades qui présentent une détresse respiratoire aigüe.
Des industriels de l'automobile réfléchissent à produire des pièces
Les services de réanimation en France ont en général un respirateur par lit. Aujourd’hui la France dispose d’environ 10 000 lits de réanimation, ce qui fait autant de respirateurs disponibles. Or, pour la première fois, les hôpitaux sont confrontés à une arrivée massive de malades, au même moment et pour une période longue, de 2 à 3 semaines de soins. A ce jour, on compte 4 632 patients en réanimation, et rien que pour les dernières 24 heures, 359 personnes y ont été admises. Cela donne une idée de la vague soudaine et massive qui affecte aujourd’hui ces services de soins intensifs.
Il s’avère alors impossible d’en commander en urgence, car comme le dit le président du syndicat des anesthésistes réanimateurs : "Cela ne s’achète pas comme des stylos". Il faut plusieurs semaines pour les fabriquer, or les fabricants, essentiellement étrangers, ont déjà doublé leur cadence de production qu’ils consacrent en priorité à leur population locale. Des industriels français comme PSA et Renault par exemple, disent étudier sérieusement la possibilité de fabriquer des pièces de respirateurs artificiels.
Une médecine de catastrophe
Les médecins agissent avec les moyens du bord, en empruntant les respirateurs des blocs chirurgicaux, des salles de réveil, il est même demandé aux cliniques privées d’accueillir les malades. Les respirateurs sont parfois moins performants mais les médecins font avec ce qu'ils ont.
" C’est de la médecine de catastrophe", confie le Dr Christian-Michel Arnaud à Bayonne. Selon plusieurs sources, il existerait déjà un stock commandé par Roselyne Bachelot, l'ex-ministre de la santé en 2006 pour faire face à la grippe aviaire. À ce jour, le ministère de la Santé n'a pas confirmé cette information et reste peu transparente sur l’état de ses stocks.
Que penser des d’initiatives comme les appareils de fortune ?
Des masques comme celui-ci se sont vendus à très grande échelle et ont été transformé en respirateur. Un médecin italien en a trafiqué un pour en faire une valve d’urgence. Ce dispositif ne peut en aucun cas remplacer un respirateur artificiel. En revanche, il peut se substituer aux masques à oxygène.
Ces derniers sont alors destinés davantage à des malades dont l’état de santé est intermédiaire, c’est-à-dire qui ne nécessite pas encore une respiration artificielle.
Les masques à oxygène sont composés d'une valve qui recouvre le nez et la bouche, reliée à une bouteille d’oxygène. Ils s’apparentent à ceux utilisés par les malades souffrant d’apnée du sommeil par exemple. Ils permettent d’oxygéner et d’éviter l’effondrement des alvéoles pulmonaires qui permettent l’apport en oxygène.
Les experts de la réanimation pensent que c’est toujours mieux que rien ! Ces masques peuvent constituer une solution d’attente, pour aider un patient à respirer le temps de son transfert dans une autre unité de soins par exemple. L’idée, née en Italie, a été reprise par l’hôpital Erasme à Bruxelles, qui utilise ce dispositif de façon provisoire pour les patients nécessitant des soins intensifs mais pour lesquels les respirateurs ne sont pas disponibles.
Mais plus que de respirateurs, c’est surtout de réanimateurs dont l’hôpital a besoin et le seul moyen d’éviter la pénurie de respirateurs c’est de rester chez soi !