Un médecin traitant sur deux refuse de nouveaux patients
44% des généralistes refusent de prendre de nouveaux patients en tant que médecin traitant, selon l’UFC-Que Choisir. Un chiffre qui témoigne d’une mauvaise répartition des praticiens sur le territoire français.
"Avez-vous un médecin traitant ?" Près d’un Français sur dix répond par la négative à cette question, comme le révélait l’Assurance maladie en octobre 2018. Mais faut-il vraiment s’étonner de ce constat, interroge aujourd’hui UFC-Que Choisir, qui dévoile dans une enquête publiée le 21 novembre que près d’un médecin généraliste sur deux refuse de prendre de nouveaux patients en tant que médecin traitant.
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9% des médecins veulent d’abord voir le patient
L'UFC-Que Choisir a mené cette enquête auprès de 2.770 médecins généralistes répartis dans 78 départements de métropole et d’Outre-mer, entre le 8 et le 22 juin 2019. Les enquêteurs ont appelé ces médecins de façon anonyme et leur ont demandé s’ils acceptaient de nouveaux patients en tant que médecin traitant. Résultat : 44% des médecins interrogés ont refusé la demande et 9% ont déclaré souhaiter d’abord voir le patient avant de se décider.
Ces chiffres montrent "la grande difficulté pour de nombreux Français à trouver un médecin traitant", interprète l'UFC-Que Choisir dans un communiqué. Ils témoignent également, "si besoin était, de l’urgence d’une réforme de la répartition des praticiens sur le territoire".
71% des généralistes ont "déjà trop de patients"
En effet, de grands écarts sont observés sur le territoire français. Trois départements se démarquent positivement : dans le Bas-Rhin, la Meurthe-et-Moselle et les Pyrénées-Atlantiques, "moins de 20% des généralistes refusaient de nouveaux patients", observe l’UFC-Que Choisir. En revanche, "ce taux de refus grimpe à 70 % dans l’Allier, 78 % en Charente et même 86 % en Seine-et-Marne".
Les médecins qui refusent de nouveaux patients évoquent plusieurs motifs pour se justifier : "71 % déclarent avoir déjà trop de patients, quand 14 % arguent de leur départ prochain à la retraite", selon l’association de consommateurs.
Les communes moyennes sont les plus touchées
Et, fait étonnant, les territoires les plus affectés ne sont pas ceux identifiés comme déserts médicaux mais les communes moyennes. Ainsi les communes de moins de 3.000 habitants comptent 33% de refus et celles de plus de 100.000 habitants 34% de refus. Mais entre les deux, les refus sont plus fréquents : les communes de 10 à 10.000 habitants présentent en moyenne 52% de refus. De même, "les refus sont moins nombreux quand l’offre de généralistes est nettement insuffisante (39 % de refus en moyenne) que dans les territoires où la densité est dans la moyenne (46 %)" constate l’UFC-Que Choisir.
Mais comment expliquer cette observation ? "Tout se passe comme si les médecins présents dans les zones rurales, sachant que les usagers sont privés d’alternative, avaient davantage de réticence à refuser des patients, pour ne pas les laisser démunis" propose l’association de consommateurs dans son communiqué. "A l’inverse, dans les déserts médicaux des villes moyennes, la présence de confrères, bien qu’en nombre insuffisant pour répondre aux besoins de la population, semble déculpabiliser les praticiens, qui refusent plus largement de nouveaux patients" poursuit-elle.
Pas de médecin traitant, pas de remboursement
A l’échelle de la France, ce constat est inquiétant puisque le système de santé est organisé depuis 15 ans autour du médecin traitant, "appelé à gérer l’orientation des usagers dans le parcours de soin", rappelle l’UFC-Que Choisir. Ne pas avoir de médecin traitant entraîne donc une difficuté d’accès au soins et "expose les usagers à une forte pénalisation de leurs remboursements de soins".
Mais derrière ce problème se cache celui, plus vaste, d’une mauvaise répartition des médecins sur le territoire, avec comme principale cause "une liberté totale d’installation" des médecins, déplore l’association de consommateurs.
Quelles solutions pour endiguer cette inégalité ? L’UFC-Que Choisir appelle les députés à voter pour "l’instauration d’un conventionnement territorial des médecins" et demande à la ministre de la Santé de "mettre fin à la pénalisation financière des usagers sans médecin traitant". Une dernière piste est celle d’un système qui désignerait un médecin traitant à chaque usager qui en ferait la demande.