Affaire du "chirurgien de l’horreur" à Grenoble : sept patients portent plainte
Plusieurs victimes présumées d’erreurs médicales portent plainte contre un chirurgien de la région de Grenoble. Ses pratiques opératoires seraient à l’origine d’amputations, d’invalidité et d’infections sévères.
Il est surnommé le "chirurgien de l’horreur". Le docteur V., qui exerce aujourd’hui à la clinique des Cèdres d’Échirolles, dans la région de Grenoble (Isère) comme chirurgien spécialiste du dos, fait l’objet d’une enquête préliminaire pour "mise en danger d’autrui". Non-respect des techniques opératoires, absence dommageable de qualité dans le suivi opératoire, erreurs médicales ayant conduit à des amputations ou des invalidités, oubli de compresses ayant entraîné une surinfection… les torts qui lui sont reprochés sont nombreux et expliquent la colère des victimes présumées.
Une quarantaine de patients accusent le docteur V.
Tout commence en 2016, quand la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) de l’Isère découvre 54 dossiers suspects pour les années 2013-2014, "qui montrent que les patients ont été opérés sans justification médicale, ce qui les a exposés à un risque injustifié", rapporte Le Parisien dans son édition du 10 avril 2019. En parallèle, le journal révèle que deux patients du docteur V. portaient plainte pour erreurs médicales. Amputés ou condamnés à se déplacer en fauteuil roulant, ils estiment que les séquelles dont ils souffrent aujourd’hui découlent directement des pratiques douteuses du chirurgien.
A ce jour, au moins sept plaintes ont été déposées. Parmi les derniers plaignants, un patient opéré des cervicales a déclaré une sévère infection suite à l’oubli d’une compresse dans sa gorge.
D’autres plaintes pourraient suivre car, toujours selon Le Parisien, l’avocat des victimes présumées, Maître Édouard Bourgin, aurait reçu une quarantaine d’appels d’autres patients mettant en cause ce praticien. Suspendu pour trois ans, dont 18 mois avec sursis, par le Conseil de l’Ordre, le docteur V. conteste les accusations.
Un non-respect de la "check-list" de sécurité ?
Mais comment de telles erreurs médicales peuvent-elles survenir ? Tout est fait pour que ces événements soient évités : depuis 2010, la Haute Autorité de Santé (HAS) a mis au point une "check-list sécurité du patient au bloc opératoire". Ce questionnaire, rempli par une infirmière coordinatrice de la check-list assistée de toute l’équipe de chirurgiens et d’anesthésistes présente dans le bloc, a pour but de s’assurer que l’intervention réalisée est bien conforme à celle qui a été prévue et qu’aucune erreur n’est commise pendant ou après l’opération. La check-list comprend notamment le décompte des instruments, des aiguilles et des compresses pour vérifier qu’aucun de ces éléments n’a été oublié dans le corps du patient. Problème : le respect de cette check-list ne serait pas automatique. Ainsi, en 2016, la HAS estimait que 40% des établissements hospitaliers ne l’utilisaient pas systématiquement.