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Décès suspect à l'hôpital de Bourges : qui commande au bloc opératoire ?

Un patient de 60 ans est décédé au cours d'une intervention bénigne de la prostate au centre hospitalier Jacques-Cœur de Bourges (Cher). La famille a déposé une plainte pour "homicide involontaire" à l'encontre du chirurgien qui aurait eu un comportement particulièrement agressif et commis plusieurs fautes caractérisées, selon l'avocat de la famille. Les autres membres de l'équipe chirurgicale décrivent une "véritable boucherie". Lorsque de tels actes sont commis dans l'univers très codifié du bloc opératoire, qui prend les rênes ? Qui porte les responsabilités ?

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le

Le patient de 60 ans "en pleine forme", selon sa fille, était entré le 14 janvier au matin au bloc opératoire du centre hospitalier de Bourges pour une intervention sur la prostate, sous anesthésie régionale. Il était décédé quelques heures plus tard d'un arrêt cardiaque, après une importante hémorragie.

Ce retraité avait été incinéré, sans qu'une autopsie n'ait pu être réalisée. Ce n'est que par hasard que la famille découvrira quelques semaines plus tard que l'urologue a été suspendu de toute activité au bloc. En proie au doute, la famille, qui a obtenu un compte-rendu accablant de l'anesthésiste, a alors déposé le 3 mars auprès du procureur de la République une plainte pour "homicide involontaire", visant le chirurgien et la direction de l'hôpital. 

"Dès son entrée au bloc, le chirurgien était dans un état mental second", a accusé lundi 18 avril, l'avocat de la fille du patient, Me Philippe Courtois, lors d'une conférence de presse. Selon lui, "il ne s'agit pas d'un aléa thérapeutique mais d'une erreur médicale provoquée par des gestes brutaux répétés" de l'urologue.

Demander l'aide d'un confrère en cas de problème

Face à la violence de ces gestes, qui pouvait intervenir ? Au sein du bloc opératoire, il est à noter que le chirurgien est responsable de l'intervention, du début à la fin. Il doit vérifier que le patient est correctement installé sur la table et c'est toujours lui qui a la charge des suites opératoires. Mais il n'est jamais seul : anesthésistes, infirmiers et aides opératoires l'accompagnent toujours. "Au bloc opératoire, tout le monde surveille tout le monde pour le bien du malade. Et lorsque quelque chose est différent de d'habitude, ils vont appeler à l'aide ou demander un avis", explique le Pr François Desgrandchamps, chef du service d'urologie de l'hôpital Saint-Louis (AP-HP), à Paris.

Lorsque le chirurgien est confronté à une complication qui le dépasse, une hémorragie ou une tumeur par exemple, il est censé s'arrêter et demander l'aide d'un confrère. Néanmoins, s'il ne le fait pas ou si son comportement met en danger la vie du patient, aucune loi ne dit explicitement qui, au sein de l'équipe médicale, doit l'empêcher de poursuivre son geste. Chaque professionnel présent au bloc opératoire est censé pouvoir le faire mais tout dépend de la personnalité du praticien. "Il y a des chirurgiens qui peuvent avoir des personnalités pathologiques et c'est là où la médecine du travail des centres hospitaliers est fondamentale pour vérifier que la personnalité du chirurgien est en adéquation avec sa responsabilité", estime le Pr François Desgrandchamps.

"Une véritable boucherie"

Dans un rapport adressé à la direction et consulté par l'AFP, l'anesthésiste avait dénoncé le comportement "agité" du chirurgien et ses gestes "violents"  lors de l'intervention pour enlever un nodule à la prostate. Devant le patient décédé, le chirurgien aurait commencé à le "frapper" en criant : "Pourquoi tu m'as fait ça ?" et "en se frappant la tête, disant à toute l'équipe""Vous êtes responsables de cette mort". L'anesthésiste et les membres de l'équipe médicale s'étaient réunis après l'intervention. Leur conclusion :

De son côté, le centre hospitalier a affirmé avoir ouvert "une enquête interne (...) dès que nous avons été informés du décès (...) Tous les éléments de notre enquête interne ont été transmis au procureur de la République de Bourges, à l'Agence régionale de santé et au Centre national de gestion (qui gère les praticiens hospitaliers)", a indiqué la directrice Agnès Cornillault.

Contactée par l'AFP, l'avocate du chirurgien n'était pas joignable dans l'immédiat.

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