Hôpital : un patient sur dix subit un événement indésirable
Erreur de médicaments, problème au bloc opératoire, infection nosocomiale… à l’hôpital, le risque zéro n'existe pas. La Haute autorité de santé (HAS) dresse un bilan de ces évènements indésirables et se mobilise pour réduire les risques.
Les évènements indésirables associés aux soins (EIAS) sont des "évènements liés aux soins et non à la maladie du patient, qui auraient pu ou ont entraîné un préjudice pour le patient". Le problème est qu’il n’existe pas aujourd’hui de recueil systématique et donc d’étude exhaustive. La Haute autorité de santé (HAS) a toutefois pu analyser des données précieuses : les "évènements porteurs de risque", il s’agit d’évènements indésirables qui auraient pu porter préjudice au patient, mais qui ont été évités par les soignants. Exemple : une erreur de médicament rattrapée avant son administration ou encore une erreur de dossier patient récupérée avant une opération. "Partir de ces presque accidents permet d’identifier les solutions qui ont fonctionné et qu’il faut développer", explique la HAS.
Et le premier constat est étonnant : dans un cas sur trois, ces erreurs sont liées à un dysfonctionnement au sein de l’équipe, un manque de communication entre les professionnels ou un problème de transmission. Dans 23% des cas, ces incidents sont dus à une erreur dans les tâches à accomplir et dans 15% des cas, l’erreur est attribuable au patient lui-même (état de santé, suivi d’antécédents médicaux ou facteurs sociaux et familiaux).
Face à ce constat, la HAS souhaite mobiliser les professionnels de santé pour diminuer la survenue de ces événements indésirables. Et la priorité est de "mettre la question du travail en équipe au centre des préoccupations". Pour cela, la HAS préconise d’encourager le recueil et l’analyse des évènements indésirables par les équipes soignantes afin de pouvoir en tirer des enseignements, ce qu’on appelle le "retour d’expérience" très répandu dans d’autres secteurs comme l’aviation ou le nucléaire.
La HAS a également lancé une expérimentation auprès de 18 équipes hospitalières : le "PACTE", Programme d’Amélioration continue du travail en équipe. Un outil destiné à favoriser l’écoute, l’entraide, la prise en compte du stress et la communication au sein des équipes de soignants.
Autre levier : donner au patient un rôle actif dans sa prise en charge et notamment dans sa capacité à prévenir ou alerter sur la survenue d’évènements indésirables qui affectent sa sécurité. Encore faut-il pour cela qu’il soit parfaitement informé sur sa pathologie et les traitements. La HAS est notamment en train de développer une méthode de communication baptisée "les 3 Dire" qui permet de s’assurer que les informations délivrées ont été claires, retenues et comprises. La méthode comporte 3 étapes : dire (expliquer lentement avec des mots simples), faire dire (vérifier la compréhension en demandant au patient de reformuler) et re-dire (réexpliquer autant de fois que nécessaire).