Chirurgie des yeux : pourquoi est-elle si chère ?
La chirurgie des yeux (chirurgie réfractive) peut être envisagée pour corriger de nombreux défauts visuels mais ces opérations coûtent cher. Comment sont-elles prises en charge ? Quelles sont les pistes pour faire baisser la facture ?
Le principe de la chirurgie réfractive consiste à modifier la forme de la cornée pour rectifier le trajet des rayons lumineux dans l'oeil et donc corriger les défauts visuels. Cette opération est réalisée au laser et dure à peine quelques minutes. Aujourd'hui, cette chirurgie des yeux permet de corriger tous les défauts visuels : myopie, hypermétropie, astigmatisme et presbytie.
Ces opérations existent depuis les années 80, mais elles n'ont jamais vraiment décollé. On estime qu'environ 100.000 à 150.000 patients ont recours à cette chirurgie chaque année. Des chiffres plutôt faibles quand on sait qu'en France, un adulte sur sept porte des lunettes ou des lentilles.
Une chirurgie trop coûteuse ?
Si cette chirurgie peine à se démocratiser, outre la peur de se faire opérer des yeux, c'est surtout à cause de son prix. Les tarifs varient en fonction des techniques mais en moyenne, il faut compter 2.400 euros pour une opération des deux yeux. Et la Sécurité sociale ne rembourse rien car elle considère cette chirurgie comme une chirurgie de confort. Pour elle, il s'agit d'opérer un oeil sain, certes qui ne voit pas bien mais qui n'est pas malade (contrairement à la cataracte) et donc, ce sont des actes hors nomenclature.
Toutefois, pour les patients qui ont une mutuelle, une prise en charge est possible. On estime qu'environ 65% des assurés qui ont une complémentaire santé peuvent bénéficier d'un remboursement. Mais n'espérez pas vous faire opérer gratuitement ! Sauf si vous avez un contrat très haut de gamme, les prises en charge sont assez limitées. En moyenne, sur une opération facturée 2.400 euros, les mutuelles remboursent 630 euros. Le patient doit donc débourser 1.770 euros de sa poche.
Et les prix de la chirurgie réfractive ne baissent pas avec le temps. Il s'agit d'une chirurgie de pointe, pour laquelle il y a sans cesse des innovations. Or, un équipement laser dernière génération coûte environ 500.000 euros (+ coût de l'entretien). Les chirurgiens répercutent donc le coût de ces investissements sur les patients et comme c'est un acte non conventionné par la Sécu, il n'existe aucune limite si ce n'est celle du fameux "tact et mesure", dont chaque médecin doit faire preuve lorsqu'il fixe ses honoraires.
Une chirurgie rentable ?
A priori, quand on se fait opérer, cela signifie ne plus avoir besoin de lunettes ou de lentilles (sauf si on se fait opérer de la myopie à 20 ans et que l'on devient presbyte à 45). Si vous êtes myope par exemple et si vous changez de lunettes tous les deux ans, en prenant en compte les remboursements Sécu et mutuelle, vos lunettes vous reviennent en moyenne à 167 euros tous les deux ans. Si on rapporte ce coût au prix de la chirurgie, il vous faudra à peu près 21 ans pour amortir le coût de l'opération.
La chirurgie n'est donc pas rentable au sens strict du terme, vous ne faites pas d'économies, mais si vous vous faites opérer jeune, entre 20 et 30 ans, au final, la chirurgie ne vous reviendra pas plus cher que le port de lunettes. Pour les porteurs de lentilles, le calcul est plus difficile tant les prix sont variables...
Comment faire baisser la facture ?
Tout d'abord, pour faire baisser le coût de ces interventions, il faut bien se renseigner avant de se faire opérer. Cette chirurgie se pratique aussi bien à l'hôpital public, que dans des cliniques ou dans des centres privés avec des prix très variables. Certains affichent leurs tarifs sur leur site Internet, mais attention. Si les tarifs peuvent parfois paraître alléchants, au final, ils le sont beaucoup moins...
Par exemple, un centre des Alpes-Maritimes propose le Lasik (technique la plus courante) à 700 euros (par oeil). Un tarif a priori imbattable mais si vous lisez quelques lignes plus bas, il est précisé que "aux tarifs de la Clinique New Vision s'ajoutent les honoraires, libres, du chirurgien ophtalmologiste". Cela signifie que le prix réel sera beaucoup plus élevé. Il est donc conseillé de vous déplacer dans l'établissement, de demander un devis et de comparer.
Une autre solution est de faire appel aux réseaux de soins. Il en existe aussi en optique ou pour les audioprothèses. Le principe : une mutuelle noue un partenariat avec des professionnels de santé qui s'engagent à limiter leurs tarifs en misant sur le fait que l'afflux de nouveaux clients compense la baisse de leurs marges. Résultat, pour une chirurgie des yeux, vous pouvez économiser jusqu'à 700 euros, en sachant que les critères de qualité exigés par les réseaux sont très stricts. Toutes les complémentaires n'ont pas ce genre de réseaux, ils concerneraient à peu près dix millions d'assurés. N'hésitez donc pas à appeler votre complémentaire pour vous renseigner.