Cures thermales : ce qu'elles vous coûtent vraiment
Le printemps est la haute saison pour le thermalisme. Ces cures sont en partie prises en charge par la Sécurite sociale, mais de manière très encadrée et le montant qui reste à la charge des patients est loin d'être négligeable.
Les détracteurs du thermalisme font souvent passer les cures pour des vacances aux frais de la Sécu. Mais il ne faut pas confondre cures thermales et thalasso, uniquement dédiée au bien-être. Les cures thermales sont obligatoirement prescrites par un médecin et ne sont indiquées que pour certaines maladies. Il existe douze grandes orientations thérapeutiques qui vont de l'arthrose à la maladie de Parkinson en passant par les mycoses buccales et les tendinites.
Le patient ne choisit ni la durée, ni la destination de sa cure thermale. La durée est définie par la Sécurité sociale : 18 jours, incompressibles, quelle que soit l'indication. Quant au lieu, cela dépend de la pathologie. En France, il y a 90 stations thermales et chacune est spécialisée dans tel ou tel trouble en fonction des propriétés chimiques de son eau.
Comment les cures thermales sont-elles remboursées ?
Concernant la prise en charge des cures thermales par l'Assurance maladie, il faut distinguer plusieurs choses. Tout d'abord, les soins réalisés pendant la cure. Il peut s'agir d'enveloppements de boue, d'inhalations, de douches… Le médecin thermal choisit les soins en fonction de la pathologie. En général, les patients font cinq soins par jour pendant 18 jours, la facture s'élève en moyenne à 500 euros pour l'ensemble de la cure. Et l'Assurance maladie prend en charge à hauteur de 65%.
Autre dépense en partie remboursée : la surveillance médicale. Quand vous êtes en cure, vous êtes obligatoirement suivi par un médecin attaché à la station. Il y a au minimum trois consultations : une au début pour définir les soins, une au milieu pour vérifier que le traitement est bien supporté et une à la fin pour faire le bilan. Pour ces trois rendez-vous, la facture s'élève à 80 euros, le tarif est le même partout pour un remboursement à hauteur de 70% par la Sécurité sociale.
Il existe toutefois quelques exceptions. Certains patients sont en effet pris en charge à 100% par la Sécu, il s'agit des patients en ALD, des victimes d'accident du travail ou de maladies professionnelles. Ces personnes sont intégralement remboursées pour la partie soins, à une condition : la cure doit être en rapport direct avec leur maladie ou accident. Cette situation est assez fréquente puisqu'on estime qu'un curiste sur trois est pris en charge à 100%. Mais il existe une règle valable pour tous les assurés. Dès qu'un médecin prescrit une cure thermale, il faut immédiatement envoyer une demande de prise en charge à l'Assurance maladie parce que certaines caisses traînent un peu pour répondre, cela peut prendre jusqu'à deux ou trois mois. Et si le patient arrive en cure sans avoir ce formulaire, il est obligé d'avancer tous les frais.
Quid du transport et de l'hébergement ?
Le transport et l'hébergement représentent la plus grosse dépense pour les patients. D'abord, il y a le trajet en voiture ou en train et ensuite le curiste doit se loger pendant 18 jours. Or, à la belle saison, les tarifs sont élevés. Entre le camping et l'hôtel quatre étoiles, la gamme de prix est large mais seule une petite minorité de patients ont droit à une prise en charge de la Sécu.
Que ce soit pour le transport ou le logement, la Sécu n'intervient que si vos revenus ne dépassent pas 14.664 euros par an. Cela ne concerne que 15% des curistes. Et le remboursement est loin d'être mirobolant pour les transports. La Sécurité sociale rembourse 65% sur la base du prix d'un billet de train aller-retour en deuxième classe vers la station la plus proche du domicile. Pour l'hébergement, le forfait s'élève à 97,50 euros quel que soit le lieu de la cure. Pour 18 jours, on est alors à moins de six euros par nuit.
Combien les patients doivent-ils payer de leur poche ?
En plus des soins, du transport et de l'hébergement, depuis trois ans, il y a un supplément à payer : le complément tarifaire. Il s'agit d'un deal entre l'Assurance maladie et les stations thermales. Pour faire des économies, la Sécurité sociale a gelé les tarifs des soins pour quatre ans. Mais dans le même temps, les charges des stations ont continué à augmenter. L'idée est donc qu'elles puissent répercuter une partie de cette hausse sur les curistes via ce "complément tarifaire". Ce forfait est défini chaque année mais il est plafonné. Il coûte en moyenne 20 euros par cure.
Si on fait l'addition de tout ce qui reste à la charge du patient, une cure coûte entre 1.200 et 1.500 euros. Toutefois, certaines mutuelles remboursent une partie des frais. Les patients doivent donc se renseigner.
Faut-il dérembourser les cures thermales ?
L'efficacité des soins fait parfois débat. La solidarité nationale doit-elle financer les cures ? Régulièrement, des politiques ou des médecins montent au créneau pour demander leur déremboursement. Mais depuis quelques années, le secteur a fait beaucoup d'efforts pour prouver l'efficacité des cures. Et pour cause, depuis 2003, l'Assurance maladie a instauré l'obligation pour les stations thermales d'apporter la preuve du "service médical rendu" des cures, exactement comme pour les médicaments remboursés. Les stations thermales ont joué le jeu : elles ont financé plus de 41 études, indépendantes. Certaines sont très convaincantes, d'autres moins. Chacun peut se faire sa propre opinion puisque les établissements thermaux ont l'obligation de publier ces études, quels que soient les résultats.
Au-delà de l'argument médical, il y a aussi un argument économique majeur. Les cures thermales coûtent 273 millions d'euros par an à la Sécurité sociale. Ses défenseurs font valoir que cela ne représente que 0,15% des dépenses de santé, donc une goutte d'eau dans l'océan du déficit de la Sécu. Ils disent surtout que les patients qui font des cures consomment moins de médicaments, sont moins hospitalisés... Encore faut-il pouvoir le chiffrer précisément. Il est donc important et nécessaire de mener des études médico-économiques pour évaluer exactement les économies réalisées grâce aux cures.