Un examen médical pour les demandeurs d'asile
Gérée par quatre médecins retraités et bénévoles, la consultation "droit et éthique de la santé" s'adresse aux demandeurs d'asile. Ils viennent des quatre coins de la France, après avoir essuyé un premier rejet de demande d'asile auprès de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Avec cette consultation, ils espèrent obtenir un certificat médico-légal. Il pourrait attester que l'état de santé des demandeurs d'asile corrobore leur récit. Celui des persécutions, de la fuite et de l'exil... Une pièce de plus dans un dossier déjà volumineux, mais une pièce essentielle.
La consultation dure une heure, souvent deux. Un temps nécessaire pour voir si peut-être les persécutions ont laissé des traces. "L'objectif est de mettre en rapport l'histoire de la personne donc les traumatismes qu'elle a subis, et ce qu'elle risquerait de subir si elle retournait au même endroit", explique le Dr Blaise de Pury, de la consultation droit et éthique de la santé.
Pour ce type de certificat médical, chaque mot compte. Ils doivent être précis, pas trop techniques et surtout le plus objectif possible pour éviter toute suspicion de complaisance comme le confirme Me Céline Proust, avocate : "Il faut faire attention à ne pas faire d'affirmation. Si le médecin atteste de la réalité du récit, on n'est plus sur un certificat médical objectif. Si le médecin dit qu'il constate telles et telles lésions physiques ou psychologiques et que celles-ci peuvent être cohérentes avec le récit de la personne, dans ce cas on est sur quelque chose d'objectif. Mais si le médecin dit qu'il n'a pas de doute, le récit est vrai, on perd en objectivité et cela ne servira à rien".
Depuis sa création en 1988, la consultation droit et éthique de la santé recueille des milliers de témoignages dénonçant des sévices psychologiques. Des sévices que les médecins ne peuvent pas toujours confirmer.
Près de 400 demandeurs d'asile sont reçus chaque année à la consultation lyonnaise. Aujourd'hui encore aucune autre ville en France n'a ouvert de dispositif similaire.