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Vincent Lambert : un "état végétatif chronique irréversible", confirment les experts

Les experts mandatés par la justice confirment que l'état de Vincent Lambert ne lui laisse plus "d'accès possible à la conscience". Une conclusion qui pourrait faire basculer la très longue bataille judiciaire autour d'un éventuel arrêt des soins.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

À 42 ans, dont dix passés sur un lit d'hôpital après un accident de voiture en 2008, Vincent Lambert est bel et bien dans "un état végétatif chronique irréversible", écrivent ces trois experts dans leur rapport datant du 18 novembre et dont l'AFP a obtenu copie ce 21 novembre.

Nommés par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, ils étaient chargés de se prononcer sur l'état du patient et son évolution depuis 2014 (date de la dernière expertise officielle) sur demande des parents, qui considèrent que Vincent est "handicapé" mais a fait "des progrès". Cette demande d'expertise suspendait une procédure d'arrêt des soins initiée le 9 avril par le CHU de Reims où le patient est hospitalisé.

Voir également : Affaire Vincent Lambert : les dates clés

Pas d'évolution positive depuis 2014

"Vincent Lambert est dans un état d'incapacité fonctionelle psycho-motrice totale en 2018 comparable cliniquement à celui enregistré en 2014", ont-ils tranché, en ajoutant que "des éléments minimes d'aggravation ont été enregistrés".

Vincent Lambert a été examiné à deux reprises, à 16 heures d'intervalle, le 7 septembre au soir et le lendemain matin, en présence des médecins conseils des différentes parties, qui se déchirent sur le sort du patient. Sa "situation d'impotence fonctionnelle totale du fait des lésions encéphaliques irréversibles" lui interdit "toute qualité de vie" et ne rend "plus d'accès possible à la conscience", relèvent toutefois les experts.

Leur rapport, qui fait transparaître la ligne de crête sur laquelle il repose depuis une décennie, note que "la limitation extrême ou totale de ses capacités d'accès à la conscience, de communication, de motricité, d'expression de sa personnalité, l'altération irréversible de son image lui portent atteinte à un point qui n'est pas acceptable par lui-même et par son épouse et tutrice", Rachel Lambert.

Cette dernière se bat pour faire respecter la volonté de son mari qui, selon elle, n'aurait pas voulu d'acharnement thérapeutique, même s'il n'a jamais couché cette volonté sur le papier.

Une prise en charge "qui ne relève pas de l'acharnement thérapeutique"

"Ce n'est pas une surprise qu'il n'aille pas mieux, le débat ne porte pas sur son état médical, il n'y a pas de doute là-dessus", a réagi ce 21 novembre auprès de l'AFP François Lambert, son neveu, également favorable à l'arrêt des soins.

Mais, sur certains points, les experts sont plus nuancés : ils avancent que la prise en charge du patient à travers ses "besoins fondamentaux primaires ne relève pas de l'acharnement thérapeutique ou d'une obstination déraisonnable", élément-clé de la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie.

À leurs yeux, la condition médicale de Vincent Lambert "n'appelle aucune mesure d'urgence". De leur point de vue, "il existe en France des structures pouvant l'accueillir jusqu'à sa disparition si le maintien au CHU de Reims s'avérait impossible pour des raisons autres que relevant de la simple technique médicale".

"Nous rejoignons l'avis des experts quant à la nécessité de transférer enfin Vincent dans un établissement spécialisé" pour qu'il ait "accès aux meilleurs soins", a déclaré à l'AFP maître Jean Paillot, l'un des avocats des parents du patient en livrant sa propre analyse du rapport. Cette requête a toutefois déjà été rejetée par la justice.

Ce rapport pourrait ouvrir la voie à une nouvelle phase dans la bataille judiciaire concernant Vincent Lambert, dont le sort est depuis cinq ans noyé sous les recours juridiques et phagocyté par le débat sur la fin de vie.

Le 19 décembre, la question de la procédure d'arrêt des traitements sera abordée au cours d'une audience devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne.

avec AFP

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