Don d’organes : pourquoi le nombre de greffes diminue en France
Plus de 500 patients meurent chaque année faute d’avoir pu bénéficier d’une greffe. Plusieurs changements pourraient favoriser le don d'organes. Les explications de l'association France Transplant.
L’attente peut durer des années, jusqu’à la fameuse phrase entendue au téléphone : « Nous avons un organe, nous allez pouvoir être greffé. »
Près de 24 000 patients sont en attente d’une greffe et moins de 6 000 transplantations sont réalisées chaque année. Ce dernier chiffre est en diminution en 2018 par rapport à l’année précédente alors que les besoins, eux, explosent.
Les dons en baisse
Dans une grande enquête révélée le 14 janvier, l’association France Tranplant tente de comprendre les causes de cette pénurie.
La première raison est selon elle le nombre insuffisant d’organes collectés. Pourtant, la loi prévoit que si une personne n’a pas exprimé clairement son refus de donner ses organes, elle est considérée comme consentante.
« Malheureusement il y a eu une dérive », explique le Pr Jean-Louis Touraine, néphrologue et président de France Transplant. Et cela tient à une question de formulation : « Au lieu qu’on demande à la famille : est-ce que la personne était pour ou contre, on demande à la famille : est-ce que vous, vous êtes pour ou contre. Et parmi les 5 ou 6 membres de la famille qui sont ici, autour de la personne qui vient de décéder, il y en a toujours un qui a des états d’âme. Par conséquent, le prélèvement ne se fait pas et cela explique pourquoi, aujourd’hui, il y a 50% ou plus de taux de refus. »
Manque de moyens
La deuxième raison serait financière. Sur fonds de crise hospitalière, les services de transplantation souffrent d’un manque d’effectifs et de moyens. Pour Jean-Louis Touraine, ce n’est pas acceptable, en particulier dans le cas de la greffe de rein qui représente 80% du total des greffes :
« La greffe ne demande pas des moyens financiers supplémentaires, elle fait faire des économies supplémentaires. (…) chaque greffe rénale qui est pratiquée fait faire des économies car la dialyse coûte beaucoup plus cher que la transplantation. »
Alors que le nombre de transplantations a chuté à 5 800 en 2018, le plan greffes a fixé comme objectif 7 800 transplantations en 2021. Pour espérer approcher au plus près cet objectif « plus qu’ambitieux », France Tranplant insiste sur un besoin urgent de mieux former les équipes à l’accueil et à l’information des familles. Enfin, valoriser le don des vivants serait pour l’association une piste à valoriser.