Première greffe de rein entièrement robotisée et par voie vaginale réalisée à Toulouse
Deux chirurgiens du CHU de Toulouse ont transplanté un rein prélevé sur une donneuse vivante à une receveuse par voie vaginale, en une seule séquence et exclusivement par robot chirurgical. "Une première mondiale", annonçe l'hôpital toulousain dans un communiqué du 19 août 2015.
Le 9 juillet 2015, à l'hôpital de Rangueil de Toulouse, une patiente de 43 ans a pu être greffée d’un rein donné par sa sœur de 44 ans. Si l’acte est remarquable en soi, ce qui lui confère un caractère exceptionnel est la séquence chirurgicale effectuée ce jour-là par les docteurs Nicolas Doumerc et Federico Sallusto. L’intervention a en effet combiné deux techniques innovantes : la transplantation robotisée et l’utilisation de la voie vaginale pour prélever et implanter le greffon.
Transplantation robot-assistée
"Le robot chirurgical permet d’actionner à distance, à l’aide d’une interface informatique, des instuments de micro chirurgie introduits dans le corps du patient par des incisions de quelques millimètres en ayant une liberté de mouvement comparable à celle de la main", explique le Dr Doumerc, chirurgien urologue. "Déjà beaucoup utilisée dans le traitement du cancer du rein ou de la prostate, l’intervention robot-assistée est encore confidentielle dans la transplantation rénale", précise le chirurgien qui rappelle que la première greffe de rein entièrement robotisée a eu lieu à Detroit aux Etats-Unis en 2010 et la première française, à Tours, en 2013.
A ce jour, seule une centaine de patients dans le monde (principalement en Inde et aux Etats-Unis) ont bénéficié d’une transplantation à l’aide d’un robot chirurgical, avec donneur vivant ou non. "Les avantages pour le patient sont multiples : diminution de la taille de la cicatrice, atténuation de la douleur et du risque d’épanchement de liquide lymphatique", indique le CHU de Toulouse dans son communiqué.
Voie vaginale : le chemin le plus sûr
D’autre part, le prélèvement ou la transplantation d’un rein par voie vaginale consiste à pratiquer une incision dans le fond du vagin pour faire passer le rein de la cavité vaginale à la cavité abdominale, plutôt que d’effectuer une large incision dans la peau, au niveau de fosse iliaque.
La première utilisation de cette voie en France remonte à 2010 pour l’ablation d’un rein malade à Lyon. En mars 2015, en Inde, une étude a été publiée portant sur huit patientes qui ont bénéficié d’une greffe de rein par voie vaginale. Mais dans les deux cas, ces interventions avaient été effectuées par coelioscopie traditionnelle qui "ne permet pas une vision aussi fine et précise de la zone d'intervention et n'a pas la maniabilité de la chirurgie robot-assistée" précise Nicolas Doumerc.
Plus de patients éligibles à la greffe
"Une telle association, inédite jusqu’à présent, offre des avantages certains pour la patiente", résume le Dr Doumerc. "Cette combinaison permet à la fois de limiter le nombre et la taille des incisions durant l’intervention et de diminuer les douleurs post-opératoires pour les patientes. Dans le cas présent, seules cinq incisions de 8 mm ont été nécessaires pour faire passer les instruments de microchirurgie. Suite à l’intervention, les patientes n’ont pas eu besoin d’être soulagées par des antalgiques de palier III, les plus forts. Elles ont pu sortir de l’hôpital au bout de deux jours pour la donneuse et de quatre jours pour la receveuse", rapporte le médecin.
Selon le CHU de Toulouse, le développement de la transplantation robot-assistée par voie vaginale permettra à des patientes non éligibles à la transplantation classique, du fait notamment d’une obésité morbide, d’en bénéficier. En effet, chez les patients en fort surpoids, l’épaisseur de la paroi abdominale liée à la couche de graisse augmente le risque d’infection ou même d’éventration au niveau de la cicatrice. "Chez l’homme on pourrait aussi envisager d’avoir recours à la transplantation robot-assistée par voie ombilique (c’est-à-dire par le nombril)" précise le Dr Doumerc.
La faisabilité de la technique ayant été démontrée, l’équipe de chirurgiens toulousains espère pouvoir bientôt présenter une étude sur plusieurs cas et pour cela effectuer vingt à trente autres interventions d’ici un an.