L'Ordre des médecins contre le don d'organes automatique
Dans un communiqué daté du 27 avril, l'Ordre de des médecins se déclare farouchement opposé au consentement présumé pour le don d'organes. En vigueur à partir de 2018, il n'obligera plus les médecins à consulter la famille du défunt avant un prélèvement. Une décision incompréhensible pour l'Ordre.
"L'Ordre des médecins plaide pour que le prélèvement d'organes sur une personne décédée reste subordonné à la décision de celle-ci de son vivant ou à défaut à l'assentiment de ses proches", écrit l'Ordre dans un communiqué du 27 avril. Il s'oppose ainsi fermement à l'amendement adopté le 14 avril, dans le cadre du projet de loi de Santé et qui prévoit qu'à partir de 2018, le consentement au don d'organes sera présumé chez toute personne majeure décédée, sauf si son nom figure dans le registre national des refus. Ses proches seront seulement "informés des prélèvements envisagés et de la finalité de ces prélèvements" et non plus consultés, comme c'est le cas jusqu'à présent.
L'Ordre des médecins précise qu'il refuse que "les proches soient exclus de ce processus" et indique qu'il "agira en ce sens" lorsque le projet de loi de Santé sera examiné par le Sénat en juillet prochain. Dans une interview au quotidien La Croix, le Dr Jean-Marie Faroudja qui préside la section éthique et déontologique au Conseil national de l'Ordre des médecins, relève pour sa part que l'amendement voté risque de susciter "l'incompréhension des médecins préleveurs mais aussi celle du grand public".
Parler du don de son vivant
"Cela pourrait donner l'impression que les médecins cherchent avant tout à "piquer" des organes, comme s'ils allaient chercher un carburateur dans une décharge pour réparer une voiture" relève-t-il, avant de juger "impensable qu'on en vienne à prélever sans rien demander à personne". Il préconise la mise en place d'un double registre, celui du non qui existe déjà et celui du oui, qui serait créé. "Ensuite si la personne n'est inscrite sur aucun des deux, on resterait dans le système actuel, celui d'un dialogue avec la famille en lui donnant la possibilité de donner son avis", ajoute-t-il.
"L'intérêt de cet amendement est de pousser les gens à s'exprimer de leur vivant" expliquait à Allodocteurs.fr le Dr Julien Charpentier, médecin réanimateur et coordinateur des prélèvements d'organes à l'hôpital Cochin à Paris. Selon lui, rares seront les médecins qui, dans les faits, ne dialogueront pas avec les familles.
L'intérêt du consentement présumé est qu'il pourrait obliger les membres de la famille à parler de leur choix personnel, pour rendre la décision finale moins douloureuse. "Le problème est que 80% des personnes n'en ont jamais parlé avec leurs proches" souligne le Dr Charpentier. Chaque année en France, 18.000 personnes sont privées de greffe, faute de donneurs.