La greffe, du prélèvement à la transplantation
Début 2023, 10 810 patients sont en attente de greffes d'organe et près de 6 000 greffes sont réalisées chaque année. Mais comment se déroule le prélèvement puis la transplantation ? Quels organes peut-on greffer ? Comment exprimer son accord ou son refus pour un don ?
57 000 : c'est le nombre de personnes qui vivent avec un "greffon", un organe ou tissu greffé en France.
Accidents de la route, accidents vasculaires cérébraux ou crises cardiaques, c'est une mort inattendue qui peut donner lieu au prélèvement d'organes. Si la personne décédée n'est pas inscrite sur le registre de refus du don d'organes, l'équipe médicale s'efforce de connaître la volonté du défunt à travers les proches. Or, on estime à près d'un tiers le nombre de refus des proches, pour des raisons personnelles, parce qu'ils sont en état de choc, parce que la personne a l'air toujours en vie puisqu'elle est sous respirateur artificiel.
C'est la raison pour laquelle il est nécessaire de parler du don d'organes de son vivant et de faire connaître ses volontés de façon claire.
Première étape : réunir les examens médicaux nécessaires de patient donneur afin de justifier la demande de don. La deuxième étape consiste à recueillir la volonté du défunt à travers ses proches. Le type et le nombre d'organes prélevés sont également décidés.
Le prélèvement d'organe
En 2022, d'après l'Agence de biomédecine, l'activité de prélèvement avait augmenté avec 5 494 greffes, issues de donneurs d'organes post-mortem (1 392) et de donneurs vivants (533). Soit une hausse de plus de 4% par rapport à 2021, où l'activité restait affectée par la pandémie de covid. Le niveau d'avant la pandémie n'est toujours pas atteint.
En dehors de la pandémie, les spécialistes constatent une évolution positive du nombre de greffes, qu'ils expliquent par plusieurs facteurs : une meilleure organisation des prélèvements ainsi qu'une amélioration des techniques chirurgicales des greffes. Des techniques de mieux en mieux maîtrisées qui amplifient les chances de survie du patient après la greffe et sa qualité de vie.
Les donneurs en état de mort encéphalique
La majorité des organes sont prélevés chez des personnes en état de mort encéphalique. Ce terme signifie que son cerveau a été détruit de manière irrémédiable. Les médecins vérifient cet état en mesurant l'absence de circulation du sang, dans le cerveau ou en réalisant deux encéphalogrammes, donc deux enregistrements de l'activité du cerveau, à quatre heures d'intervalle minimum. Ils doivent montrer une activité nulle, sans réactivité.
En France, selon l'Agence de la biomédecine, on enregistre chaque année environ 600 000 décès. Toute personne en état de mort encéphalique est un donneur potentiel d'organes ou de tissus et en 2022, il y a eu 2 984 donneurs en état de mort encéphalique. Leur âge moyen était de 57 ans.
Toute personne est considérée consentante au don d'éléments de son corps après sa mort, en vue de greffe, si elle n'a pas manifesté son opposition de son vivant. En cas de décès, le médecin recherchera, après interrogation du registre national des refus géré par l'Agence de la biomédecine, l'absence d'opposition du défunt auprès de ses proches. Les équipes médicales se renseignent auprès de la famille du patient sur les vœux de ce dernier en matière de don d'organes. Le taux de refus est de 33% en 2019 d'après l'Agence de biomédecine et l'âge moyen des donneurs est stable, à 58,3 ans.
En attendant le prélèvement, la respiration et l'activité du cœur de la personne en état de mort encéphalique sont maintenues artificiellement, grâce à des appareils.
Une fois que la famille a donné son accord pour donner les organes, c'est une course contre la montre qui s'engage. Entre le moment où l'organe est prélevé et celui où il est transplanté, il ne faut pas dépasser 3 à 4 heures pour un coeur ou 6 à 8 heures pour un poumon. L'Agence de la biomédecine contacte les médecins qui ont des patients en attente de greffe. Le receveur est alors convoqué à l'hôpital, alors que le chirurgien qui va effectuer la transplantation va lui-même chercher le greffon. Entre 500 et 600 personnes décèderaient faute de recevoir une greffe à temps.
La transplantation d'organes, comment ça marche
En 2022, en France, selon l'Agence de la biomédecine, on réalise environ 3 376 greffes de rein (c'est l'organe le plus donné), 1 294 greffes de foie, 411 greffes de cœur, 33 greffes de poumons, 8 greffes de cœur-poumons, 70 greffes de pancréas et 1 d'intestin. Certains tissus peuvent aussi être greffés, il s'agit en particulier des cornées, avec plus de 5 957 greffes.
Les greffes d'organes sont effectuées chez des patients dont un organe malade est incapable d'assurer ses fonctions. On comptait 24 000 malades en attente de greffe en 2022.
S'il s'agit d'un rein, la personne est en insuffisance terminale rénale. Si c'est le cœur, on parle d'insuffisance cardiaque. Cette insuffisance survient au terme de maladies chroniques souvent longues, mais la greffe est parfois une urgence, provoquée par une infection gravissime.
La transplantation pulmonaire
Les patients atteints de mucoviscidose, par exemple, doivent parfois y recourir. Cette maladie génétique peut toucher les bronches, le pancréas, les organes reproducteurs et parfois, le foie et l'intestin grêle. En fait, elle touche les glandes contenues dans ces organes. Normalement, celles-ci produisent un liquide appelé "mucus" qui tapisse et humidifie l'intérieur des canaux présents dans les bronches ou le tube digestif. Dans le cas de la mucoviscidose, ce mucus est trop épais et collant. Les principaux symptômes sont une toux et des bronchites à répétition provoquées par l'accumulation du mucus dans les bronches.
Cette maladie n'est pas curable. En ce qui concerne les poumons, des séances de kinésithérapie sont associées à des fluidifiants pour rendre le mucus moins épais. Mais lorsque les poumons ne fonctionnent plus, il faut recourir à la transplantation pulmonaire.
Vivre après la greffe
La principale difficulté au cours d'une transplantation est le rejet de l'organe greffé. Les défenses immunitaires du receveur le considèrent en effet comme un intrus et s'attaquent à lui. Pour éviter cette réaction, il faut donc prescrire des médicaments qui affaiblissent complètement les défenses immunitaires : les immunosuppresseurs, appelés communément médicaments anti-rejet.
Les patients greffés doivent donc prendre toute leur vie plusieurs médicaments par jour, et cela peut altérer progressivement le fonctionnement des reins.
Mais heureusement, les personnes greffées retrouvent souvent une qualité de vie aussi bonne qu'auparavant. On estime aujourd'hui à environ 57.000 le nombre de personnes vivant avec un organe greffé.
Certains n'hésitent pas à se lancer des défis sportifs, comme Alexandre greffé des 2 poumons, qui s'est lancé dans un marathon...
Le don d'organes : pour ou contre ?
Les besoins en greffons restent néanmoins très importants. Dans ce contexte de pénurie, il est donc essentiel de rappeler l'importance, pour chacun, de réfléchir à la question du don d'organes et prendre une minute pour en parler.
En France, c'est la loi du consentement présumé qui s'applique : on présume que toute personne est donneuse. Mais la loi demande également que l'équipe médicale s'efforce de recueillir auprès des proches du défunt le témoignage de son non-refus au don d'organes.
Transmettre sa position à ses proches, afin qu'ils puissent témoigner de la volonté ou non après la mort lorsqu'un prélèvement est envisagé, est une démarche essentielle et parfois vitale pour les patients en attente de greffe.
Il n'existe pas de registre où exprimer son consentement pour le don d'organes mais il est par contre possible de s'inscrire sur le Registre national des refus ou, à défaut, de transmettre son opposition à ses proches. Le don est gratuit et anonyme.
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Ailleurs sur le web
· Agence de la biomédecine
· Ministère de la Santé
· Dondorganes.fr
· Fédération des Associations pour le Don d'Organes et de Tissus humains (ADOT)
· Collectif Greffes+
· Fédération France Greffes Coeur et/ou Poumons