Le braille va-t-il survivre à l'ère du numérique ?
Depuis plus de 200 ans, les aveugles apprennent l'alphabet braille pour lire et écrire. Mais aujourd'hui, les progrès du numérique et les assistances vocales menacent l'apprentissage du braille.
Si aujourd'hui, les personnes aveugles peuvent profiter des innovations technologiques dans leur quotidien, elles devaient auparavant apprendre à lire et à écrire le braille. A l'Institut national des jeunes aveugles, cette étape est d'ailleurs incontournable : "L'écriture et la lecture en font des adultes alphabétisés et lettrés. Et cela est indispensable pour s'insérer professionnellement et dans la société", explique Caroline Treffé, enseignante à l'institut.
Dans les locaux de l'association Valentin Haüy, qui vient en aide aux aveugles et malvoyants, Geneviève Megelas-Massonnier ne conçoit plus sa vie sans le braille qu'elle a appris dès ses 8 ans. Aujourd'hui, elle allie le numérique et le braille en corrigeant des centaines de textes, imprimés ensuite sur du papier pour être plus accessibles.
Mais cette impression en braille est coûteuse. Il faut en effet des centaines de pages pour un magazine, des milliers pour un roman tel que Le Petit Prince. Le livre audio est donc un support plus léger mais il ne séduit pas tous les personnes malvoyantes comme Geneviève Megelas-Massonnier : "Avec le vocal, il n'y a plus cette connaissance orthographique qui est tout de même nécessaire dans tous les domaines", et particulièrement dans le monde professionnel où l'ordinateur est toujours présent.
Au pôle numérique de l'association Valentin Haüy, les membres naviguent sur Internet grâce à un lecteur d'écran et à une plage braille. Mais la majorité des sites ne sont pas accessibles aux aveugles et malvoyants, seuls 10% d'entre eux le sont. Un vrai frein pour leur autonomie à l'ère du numérique.
Autre souci pour les non-voyants : les pavés numériques pour lire et écrire le braille coûtent près de 4.000 euros et les aides sont peu nombreuses. Rendre accessible financièrement ces aides techniques est l'un des combats de l'association. Les équipes travaillent d'ailleurs actuellement sur un projet de plage numérique à moindre coût.