Handicap : quand les gestes barrières compliquent le quotidien
Porter un masque, respecter les distances physiques ou encore ne rien toucher... Les gestes barrières sont une épreuve supplémentaire pour les personnes handicapées.
Nadia est malvoyante. D’habitude, pour faire ses courses, elle se guide grâce aux odeurs et au toucher. Mais c’est désormais impossible. Pour des raisons d’hygiène, sur ce marché d’Issy-les Moulineaux, les fruits et légumes sont protégés par une immense bâche en plastique. Nadia ne peut ni les toucher, ni les sentir. “Ce sont des sens qu’on utilise au quotidien, que ce soit pour acheter, pour se repérer, pour tout en fait... Et là, le fait d’en être privé d’un seul coup comme ça, c’est déstabilisant”, explique-t-elle.
Le toucher et l’odorat, des sens très utilisés par les déficients visuels
Si elle ne conteste pas leur bien-fondé, Nadia constate que les gestes barrières compliquent considérablement son quotidien. “Le masque me gêne car il m’enlève en partie le sens de l’odorat. Et il réduit mon champ visuel qui est déjà assez restreint. J'ai l’impression de marcher et de ne voir que mon masque devant moi, ça me dérange assez.”
Sa bête noire : les transports en commun. Elle ne les a d’ailleurs par repris depuis le déconfinement car rien n’a été prévu pour les déficients visuels. “Dans les transports en commun, il y a le marquage au sol qui nous indique la distance à respecter d’une personne à l’autre. Et moi, je n'ai aucune idée de comment cela est représenté. Donc il faut que je puisse demander aux gens de m’indiquer si je suis bien placée par rapport à tout le monde”.
Un masque transparent pour lire sur les lèvres
Avec la généralisation du port du masque dans les magasins, Cédric, qui est malentendant, ne peut plus lire sur les lèvres. La communication est donc parfois difficile. “On s’appuie sur l’expression du visage, sur l’expression labiale. Donc le fait de ne pas savoir si la personne parle ou pas, de comprendre le message, de faire répéter et de conformer la compréhension du message, c’est compliqué. C'est vraiment un parcours du combattant.” Président d’Unanimes, l’union des associations nationales pour l’inclusion des sourds et des malentendants, Cédric Lorant souhaite la commercialisation rapide de masques fenêtres. En plastique transparent, ils permettent de voir les lèvres. Un premier modèle vient de passer tous les tests des autorités sanitaires. Il devrait donc bientôt être disponible à la vente.