La sécurité des universités au détriment de l'insertion des personnes handicapées
POLÉMIQUE – Afin de laisser à disposition des universités des fonds permettant améliorer "la sécurité face au risque terroriste", le gouvernement les a autorisées à ne pas verser l’intégralité des cotisations au fonds d'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP). Selon les associations, le manque à gagner s'élèverait à 30 millions d'euros.
Le 6 septembre, l'Association des paralysés de France (APF) accuse le gouvernement de "sacrifier l'emploi des personnes en situation de handicap". De fait, les universités ont été autorisées - pour la troisième année consécutive - à ne pas verser la totalité de leur contribution au FIPHFP. La reconduite de cette dérogation a permis au gouvernement de dégager 30 millions d'euros pour assurer la sécurité dans l'enseignement supérieur face au risque terroriste.
Pourtant, tous les employeurs publics employant moins de 6% de personnes handicapées sont tenus de contribuer à ce fonds. Selon l'APF, les universités sont à 1,6%.
Le gouvernement assure que la mesure ne "pénalise pas l'emploi des personnes handicapées". Pour l'APF, cette "nouvelle main basse du gouvernement" va au contraire "se faire au détriment des droits des personnes en situation de handicap". "Ce gouvernement ne cesse de remettre en cause les moyens alloués à l'emploi" de ces personnes, poursuit l'association.
De son côté, l'ancienne secrétaire d'État, Marie Anne Montchamp, présidente du club Entreprises & handicap, a déploré un "coup préjudiciable" au FIPHFP. "La politique d'emploi en faveur de nos compatriotes handicapés ne peut en aucune façon être la variable d'ajustement des autres politiques publiques", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
La Fnath, association de défense des accidentés de la vie, a également condamné le 7 septembre la reconduction de cette dérogation. "Cette nouvelle ponction s’ajoute à une ponction récente de 90 millions sur trois ans […] La Fnath condamne cette décision qui met en péril l’existence même du fonds".
"La sécurité des établissements scolaires ne doit pas se faire au détriment de l’emploi des personnes handicapées", poursuit la Fnath, accusant le gouvernement de remettre en cause la "fragile politique de l’emploi des personnes handicapées, alors que le taux de chômage n’a jamais été aussi élevé".
La CFE-CGC a également critiqué dans un communiqué cette décision qui "porte un coup préjudiciable au FIPHFP et donc par conséquent à l'emploi des personnes en situation de handicap". Le syndicat des cadres estime que "la politique d'emploi en faveur des personnes en situation de handicap ne peut en aucune façon être la variable d'ajustement des autres politiques publiques".
En 2015, les dépenses du FIPHFP se sont élevées à 160 millions d'euros, en baisse de 12% par rapport à 2014.
Les contributions des employeurs ont baissé de 41% à 126 millions d'euros, selon le dernier bilan.