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Les suicides sont trois fois plus fréquents chez les personnes sourdes

La prévalence des pensées suicidaires et des tentatives de suicide est nettement plus élevée chez les personnes sourdes que dans le reste de la population, selon le dernier Baromètre santé sourds et malentendants (BSSM), réalisé par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES).

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Le handicap auditif est assez méconnu en France, pourtant 5 millions de personnes sont concernées. Dans le cadre d'une étude du Baromètre santé sourds et malentendants (BSSM), réalisée en 2011/2012, sur les perceptions et comportements liés à la santé des personnes atteintes de surdité ou de troubles de l'audition, près de 3.000 personnes de 15 à 75 ans ont été interrogées sur les douze derniers mois, par le biais d'un questionnaire sur Internet.

De nombreux témoignages de personnes sourdes et de leur famille montrent que la difficulté à maîtriser une langue (langue française et/ou des signes) explique en partie la détresse psychologique.

Prévalence des idées suicidaires, tentatives de suicides et violences subies

Dans le BSSM, les pensées suicidaires dans les douze derniers mois étaient cinq fois plus fréquentes comparées aux données du Baromètre santé 2010, et les tentatives de suicide au cours de la vie trois fois supérieures pour les hommes et deux fois pour les femmes.

Les violences physiques ou psychologiques subies au cours de l'année, ainsi que les violences sexuelles subies au cours de la vie, étaient deux à trois fois plus souvent déclarées qu'en population générale.

Chez les hommes comme chez les femmes, les pensées suicidaires étaient associées au fait d'être très gêné par les troubles de l'audition, à une fatigue fréquente liée à la communication au quotidien, à la limitation d'activités ainsi qu'aux violences psychologiques subies.

Chez les femmes, deux facteurs étaient associés à la survenue de pensées suicidaires : les violences sexuelles et la survenue de la surdité ou de troubles de l'audition entre 2 et 15 ans.

Chez les hommes, la pratique de la langue des signes française (LSF) était associée à une moindre prévalence de pensées suicidaires et le fait d'être étudiant à une plus grande fréquence de celles-ci.

L'apprentissage d'une langue : clef du bien-être pour les sourds

Les limitations d'activité dues aux troubles de l'audition et la fatigue fréquente liée à la communication au quotidien sont les principales causes du mal-être chez les sourds. L'étude épidémiologique des surdités sévères et profondes rappelle que l'accès à la communication et à une langue est primordial dans la prise en charge des enfants sourds.

De plus, l'accompagnement des parents qui découvrent la surdité de leurs enfants est essentiel. L'enfant sourd communique d'abord au sein de sa famille et la communication doit y être facile et fluide. De plus, le programme de dépistage de la surdité permanente néonatale (publié en novembre 2014 par le cahier des charges national) permettra une prise en charge améliorée.

L'accès aux soins : une priorité

L'accès aux soins des personnes avec un handicap auditif est très important. Non seulement, les personnes sourdes sont en difficulté, mais aussi le personnel soignant au sein de l'hôpital. L'hôpital La Pitié-Salpêtrière à Paris, pionnier en la matière, dispose d'une unité où les équipes soignantes sont composées de sourds ou malentendants et d'entendants. En France, il existe désormais dix-huit unités similaires.

Une amélioration de la situation au niveau de la communication et de l'accès aux soins constitue un enjeu majeur pour l'état de santé des personnes sourdes.

Source : Gueydan G. Éditorial. Personnes sourdes ou malentendantes : améliorer la communication et l’accessibilité de la société pour améliorer leur santé. Bull Epidémiol Hebd. 2015;(42-43):780-1. 

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