SOS médecins fête ses 50 ans
Il y a 50 ans, le 20 juin 1966, naissait SOS Médecins. Pionnier de la médecine d'urgence et de proximité, l'association a très vite suscité l'adhésion des patients. En revanche, elle a longtemps été mal perçue par la profession médicale. Aujourd'hui, cette page est définitivement tournée. SOS médecins, c'est 1.500 médecins en France, 4 millions d'appels annuels et 2,5 millions d'interventions à domicile. Retour sur 50 ans d'histoire.
Une voiture qui file dans la nuit avec à son bord un médecin pour se rendre aux chevets des malades, une scène banale aujourd'hui, mais révolutionnaire il y a cinquante ans. "Un jour à 2 heures du matin, j'ai eu des problèmes de baignoire et je n'arrivais plus à arrêter l'eau. J'ai appelé le plombier et un quart d'heure ou vingt minutes après, il était là. Et j'ai dit ces mots dont je suis très fier : « En France, on traite mieux les tuyaux que les coronaires »", raconte le Dr Marcel Lascar, fondateur de SOS Médecins.
SOS Médecins vient de naître et va transformer la médecine d'urgence : "L'objectif, c'était d'avoir un médecin la nuit entre 20 heures et 8 heures du matin. Tout de suite les gens ont adhéré. Il y a eu un mouvement de curiosité. Et la presse a suivi. Si SOS a démarré et est devenu ce qu'il est, c'est grâce à la presse", confie le Dr Lascar.
Un demi-siècle plus tard, au siège historique parisien, la recette est toujours la même ou presque comme le confirme le Dr Serge Smadja, président de SOS Médecins Grand Paris : "En cinquante ans, la technologie a changé, le matériel a changé mais le principe n'a pas changé. Tous les ingrédients qu'avait mis Marcel Lascar quand il a créé le concept il y a cinquante ans, sont toujours d'actualité. Ils n'ont pas pris une ride. SOS Médecins, c'est d'abord une réponse téléphonique".
Toutes les raisons sont bonnes pour appeler SOS Médecins : une urgence vitale, un enfant fiévreux ou encore l'angoisse de la nuit… Mais au-delà de la disponibilité, ce qui fait la marque de fabrique de SOS Médecins depuis toutes ces années, ce sont ses voitures. Mais ces véhicules siglés SOS Médecins marquent aussi le début des ennuis. Dès les années 70, le Conseil de l'Ordre dépose en effet plusieurs plaintes. Le motif : publicité déguisée.
SOS Médecins n'a de cesse de bousculer l'ordre établi. Alors les plaintes chez l'avocat s'accumulent. D'autant que dans les années 80, SOS Médecins implante des antennes dans toute la France et ouvre les consultations en pleine journée. Il n'en faut pas plus pour s'attirer les foudres de toute une profession. "C'était des plaintes pour exercice illégal de la médecine devant le Procureur de la République, ce qu'on n'avait jamais vu. Dans d'autres endroits, il y avait des plaintes pour médecine foraine… Il y avait une incompréhension des magistrats sur cette espèce d'acharnement procédural contre de jeunes médecins qui arrivaient avec une foi, une innocence… Il y avait vraiment quelque chose de surprenant et il est clair que tout ceci a profondément servi les intérêts de SOS Médecins", confie Me Xavier Heguy, avocat de SOS Médecins.
Dans les années 90, les plaintes cessent. À force de combats, Marcel Lascar a su imposer SOS Médecins. Une victoire. Devenu incontournable, aujourd'hui SOS Médecins s'est définitivement taillé une place au sein du dispositif de soins d'urgence français.