Homéopathie : les Académies de médecine et de pharmacie en faveur de son déremboursement
Dans une déclaration commune, les Académies de médecine et de pharmacie se sont positionnées contre le remboursement de l’homéopathie tant que son efficacité n’aura pas été scientifiquement prouvée.
Une prise de position symboliquement forte. Dans une déclaration commune publiée le 28 mars 2019, les Académies de médecine et de pharmacie ont recommandé "qu'aucune préparation homéopathique ne puisse être remboursée par l'Assurance maladie tant que la démonstration d'un service médical rendu suffisant n'en aura pas été apporté".
En parallèle, elles se sont exprimées en défaveur d’une reconnaissance du métier d’homéopathe en affirmant qu’"aucun diplôme universitaire d'homéopathie ne [devait] être délivré par les facultés de médecine ni par les facultés de pharmacie" car un tel titre "aurait pour effet de cautionner une méthode thérapeutique qui n’est pas acceptée ni utilisée par la plus grande partie du corps médical."
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L’efficacité de l’homéopathie en cours d’évaluation
L’homéopathie est en effet au cœur d’une controverse scientifique, et de façon plus prononcée depuis un an : en mars 2018, le collectif FakeMed publiait dans Le Figaro une tribune engagée contre l’homéopathie et les autres "médecines alternatives", plaçant le débat autour de son déremboursement sur le devant de la scène. En août, le ministère de la Santé avait alors saisi la Haute autorité de Santé (HAS) pour connaître son avis "quant au bien-fondé […] du remboursement des médicaments homéopathiques".
La HAS travaille donc actuellement à évaluer l’efficacité et l’intérêt pour la santé publique de 1.200 spécialités homéopathiques de trois laboratoires différents (Boiron, Lehning et Weleda) et devrait rendre son avis en juin prochain. La ministre de la Santé Agnès Buzyn a déclaré à l’AFP s’être "engagée à suivre les recommandations de la HAS". Et d’ajouter : "Je ne cherche ni à dérembourser, ni à rembourser. Soit un médicament est utile et permet d'avoir un bénéfice clinique, soit il n'apporte rien et dans ce cas-là il n'a pas de raison d'être financé par la collectivité."
"Remettre le rationnel scientifique au centre du débat"
Pour le moment, "des analyses rigoureuses n'ont pas permis de démontrer une efficacité" de l'homéopathie, rappellent les Académies de médecine et de pharmacie. La seule action démontrée pour l’homéopathie est celle d’un "effet placebo" lié à l'attente que les patients placent dans cette pratique.
Et nombreux sont les Français qui plébiscitent cette technique : selon un sondage Odoxa (Baromètre santé 360) publié en janvier 2019, 72% des patients "croient en ses bienfaits". Mais selon Agnès Buzyn, "on ne peut pas prendre des décisions uniquement sur le ressenti des gens, parce que c'est comme cela qu'on glisse vers une forme de populisme". Elle préfère donc la science aux émotions en déclarant "[souhaiter] remettre le rationnel scientifique au centre du débat".
129,6 millions d’euros d'homéopathie remboursés par la Sécu
Si l'Académie de médecine s'était déjà prononcée en faveur d’un déremboursement en 2004, il s’agit d’une première pour l’Académie de pharmacie. Mais cet avis n’est pas partagé par les syndicats de la profession. Philippe Besset, président de la Fédération des pharmaciens d’officine (FSPF) a ainsi déclaré "ne pas rentrer dans le débat sur l’efficacité du produit" et continuer de juger l’homéopathie "indispensable à l’arsenal thérapeutique".
De son côté, le collectif FakeMed a sans surprise accueilli très favorablement la nouvelle : "Merci aux Académies de médecine et de pharmacie pour cette prise de position sans équivoque en faveur du déremboursement de l'homéopathie."
Concrètement, l'homéopathie consiste à administrer des substances en quantité infinitésimale, dans l'espoir de guérir. Certains médicaments sont remboursés à hauteur de 30% par l'Assurance maladie, bien que leur efficacité n'ait jamais été scientifiquement prouvée.
En 2017, le remboursement de l'homéopathie a représenté 129,6 millions d'euros sur un total de 19,9 milliards pour l'ensemble des médicaments remboursés, selon l'Assurance maladie. Par ailleurs, Boiron affirme que le déremboursement de l'homéopathie menacerait 1.300 emplois sur ses 2.500 en France.