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Grève du codage : "Arrêtons de facturer, soignons nos patients"

La direction de l'AP-HP menacerait les grévistes du "codage" qui ne transmettent plus certaines données administratives à l'Assurance-maladie, de sanctions. 

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Depuis le mois d’octobre, certains médecins hospitaliers mènent une « grève du codage ». Ils ne transmettent plus à l’Assurance maladie les données sur les actes pratiqués. L’objectif est de faire pression sur le ministère de la Santé dans le contexte de crise de l’hôpital public.

D’après un document que nos confrères d’Europe 1 ont pu consulter, la direction des ressources humaines de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) menace de sanctions disciplinaires le personnel qui participe à cette « grève du codage ».

Le Pr Agnès Hartemann, chef de service de diabétologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris et membre du collectif Inter-Hôpitaux, répond à nos questions.   

Qu’est que la « grève du codage » ?

Pr Agnès Hartemann, Pitié-Salpêtrière : « Ne pas coder, c’est arrêter de faire des factures. C’est grâce à ces factures que l’hôpital se fait payer par la Sécurité sociale. Pourquoi on fait ça ? Parce qu’on ne peut pas faire autrement, on ne veut pas faire la grève des soins. Et puis ce système de facturation, au début on y a cru, on nous a demandé d’optimiser ces factures et puis là on se rend compte que le système part en vrille et que le personnel s’en va, les lits ferment et on n’a plus de moyens de travailler ».   

Est-ce qu’il y a une pression sur vos équipes pour arrêter cette « grève du codage »?   

Pr Agnès Hartemann, Pitié-Salpêtrière : « Il y a une pression très clairement. Ca nous choque beaucoup parce que nous on n’agit pas pour nous. On est en train de mener une grande action pour défendre l’hôpital public, tous les hôpitaux publics de France. On essaie d’obtenir un budget digne de ce nom pour cette année. En fait les directions sont la tête dans le guidon, elles regardent leurs recettes de leur hôpital et en effet on reçoit des pressions terribles. »

Quelles menaces de la direction recevez-vous ?

Pr Agnès Hartemann, Pitié-Salpêtrière : « On nous dit qu’on est en train de couler notre hôpital. C’est quand même dur à entendre. C’est du bouche-à-oreilles on ne l’écrit pas mais que certains médicaments ne seront pas délivrés, des médicaments chers pour certains patients, que certains postes ne vont pas être actés. Vous ne faites pas rentrer d’argent dans les caisses donc ce mois-ci vous n’aurez pas les traitements lourds. On ne fait pas de grève des soins donc comment on peut nous menacer d’une chose pareille. Les médecins ne sont pas dans l’obligation de faire ces factures ».

La suite de ce mouvement c’est quoi ?

Pr Agnès Hartemann, Pitié-Salpêtrière : « On ne lâchera pas. Ca nous fait du bien de sortir la tête de l’eau. Entre collègues, avant quand on se retrouvait dans les congrès, on parlait de recherche, on parlait de soins et maintenant quand on se croisait depuis des années on parlait de facturation. Arrêtons de facturer, soignons les patients. Donc la suite du mouvement, c’est les démissions dont on a parlé, elles sont actées et puis surtout on appelle à une manifestation le 14 février c’est la Saint-valentin donc on appelle les usagers et tous les soignants à venir déclarer leur amour à l’hôpital public ».  

Vous avez de l’espoir ?     

Pr Agnès Hartemann, Pitié-Salpêtrière : « On n’a plus le choix. On est en train de tirer une sonnette d’alarme. Il y a 100 lits fermés à la Salpêtrière, il y a 800 postes sans infirmière à l’AP-HP. On n’a plus le choix, on appelle la population à nous rejoindre ».

 

 

 

 

 

 

 

 

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