Les médecins étrangers réclament de meilleures rémunérations
Leur diplôme n’est pas reconnu en France, et ils sont considérés comme des internes. La plupart viennent du Maghreb.
"Médecins pas cher, la bonne affaire" ont scandé une centaine de manifestants devant le ministère de la Santé le 15 décembre. Ceux-ci, diplômés hors de l’Union européenne, sont venus exercer en France. Mais leur statut reste extrêmement précaire, et ils réclament une régularisation. Ces médecins, pharmaciens, chirurgiens dentistes et sages-femmes sont souvent indispensables au bon fonctionnement de nombreux services.
"Je suis payée moins qu'une aide-soignante"
Ils sont aujourd’hui près de 4.000 à travailler dans le public comme "faisant fonction d'interne" (FFI) ou "praticiens attachés associés". Ils sont faiblement rémunérés, sans perspectives d'évolution. "Je fais le même travail que les autres, mais j'ai honte quand je regarde ma fiche de paie", a témoigné une manifestante, exerçant comme pédiatre-FFI depuis plus de quatre ans. "Je suis payée moins qu'une aide-soignante", constate-t-elle.
Selon le Syndicat national des praticiens à diplôme hors Union européenne (Snpadhue), soutenu par une quinzaine de syndicats hospitaliers, ces praticiens sont par ailleurs menacés de ne plus pouvoir travailler dans les hôpitaux français d’ici au 1er janvier 2019. Jusque fin 2016, des mesures dérogatoires permettaient aux médecins non européens arrivés en France avant août 2010 de valider leur diplôme en passant un examen au terme de trois années d'exercice. Mais 1.000 d’entre eux ont échoué, et ils ne peuvent continuer à exercer que jusqu’à fin décembre 2018.
Un examen très sélectif
Cette possibilité devrait être reconduite pour deux ans, mais cela ne fait que "prolonger la précarité", s'est indigné Salem Ould Zein, le président du Snpadhue. D’autant que près de 3.000 nouveaux médecins étrangers ont été recrutés depuis l'été 2010, et que l’examen des trois ans a aujourd'hui été supprimé au profit d'un concours beaucoup plus sélectif.
La ministre de la Santé Agnès Buzyn a pour sa part "indiqué à plusieurs reprises" vouloir "améliorer le processus d'intégration" de ces professionnels dans le système français, a rappelé la Direction générale de l'offre de soins (DGOS), qui a reçu une délégation. Après la réunion, la responsable du Snpadhue Samia Laoufi s'est dite "rassurée" : le gouvernement prévoit en effet d'aborder la question de la reconnaissance de ces praticiens dans la loi santé prévue pour le 1er semestre 2019.
Une nouvelle réunion sera organisée le 23 novembre au ministère. Si rien de concret n’est obtenu néanmoins, les médecins étrangers pourraient se mettre en grève pour les fêtes de fin d'année.