Non, il n’y a pas eu "d’attaque" de la Pitié-Salpêtrière
Plusieurs membres du gouvernement, qui ont affirmé que des manifestants avaient attaqué le service de réanimation de l’hôpital le 1er mai, sont la cible de vives critiques. Sur les réseaux sociaux, une vidéo contredit leur version.
"J'entends le reproche sur le mot attaque, je n'aurais pas dû l'employer", a déclaré Christophe Castaner le 3 mai lors d'une conférence de presse. Deux jours après les incidents de la manifestation du 1er-Mai, le ministre de l'Intérieur est sous le feu des critiques. Le 1er mai, quelques heures après que des manifestants ont tenté de rentrer de force dans le service de réanimation de la Pitié-Salpêtrière, Christophe Castaner a en effet dénoncé "une attaque", précisant que certains d'entre eux avaient "agressé le personnel soignant [et] blessé un policier mobilisé pour le protéger".
Mais il semblerait que le ministre ait parlé trop vite… Le lendemain de son tweet, une vidéo de six minutes, partagée en masse sur les réseaux sociaux, montre que la situation est bien moins violente que ce qu'il décrit, et que l’épisode n'a duré que quelques minutes.
Rappelons que le ministre de l’Intérieur n’a pas été le seul à dénoncer une attaque de la Pitié-Salpêtrière. Le Premier ministre Edouard Philippe a évoqué une intrusion "totalement irresponsable", la ministre de la santé Agnès Buzyn a parlé "d’exactions", et le ministre de la Transition écologique François de Rugy de "tentative d’intrusion violente".
Même le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, qui a annoncé vouloir déposer plainte, a fait état d'images de vidéosurveillance "absolument édifiantes". Marie-Anne Ruder, la directrice de l'hôpital, a quant à elle déclaré qu'une cellule de soutien psychologique serait mise en place.
Des vidéos qui contredisent les propos des ministres
Selon plusieurs témoignages, dans la journée du 1er mai, vers 16h, des personnes ont forcé la grille à l’arrière de l’hôpital et ont pénétré dans une cour de l’établissement. Certains portaient des gilets jaunes, d’autres n’avaient pas de signe distinctif, d’autres encore étaient cagoulés. Selon plusieurs témoins, ils cherchaient à échapper aux gaz lacrymogènes très nombreux sur le boulevard de Port-Royal.
La vidéo montre ces individus en train de s'éloigner des CRS, visiblement sans savoir qu'ils se dirigent vers l’entrée du service de réanimation. Les manifestants montent sur une passerelle, puis une personne essaie de forcer la porte, tandis des soignants l’en empêchent. La caméra filme ensuite la cour, et on ne voit plus la porte.
On comprend toutefois qu’ils sont désormais plusieurs à tenter d’entrer de force dans le service. Des CRS arrivent alors, et évacuent les manifestants dans le calme. A l’heure actuelle, difficile de connaître les motifs des personnes qui ont tenté d'entrer à l'intérieur de l'hôpital. Le soir du 2 mai toutes les mises en garde à vue de la veille ont été levées.