Recherche : bientôt des déodorants moins nocifs ?
Les déodorants vendus dans le commerce sont souvent composés d'ingrédients peu respectueux de notre épiderme, voire même potentiellement cancérigènes comme les sels d'aluminium. Leur objectif : empêcher l'arrivée des mauvaises odeurs. Des chercheurs de l'université de Technologie de Compiègne pourraient changer la donne avec des anticorps synthétiques. Ces minuscules particules vont piéger des molécules et empêcher la production des mauvaises odeurs comme les anticorps naturels piègent les agents pathogènes. Explications.
Appliquer un déodorant est un geste quotidien jusqu'ici le plus efficace pour combattre les mauvaises odeurs corporelles. Pourtant, à l'origine, la sueur est inodore. C'est en fait la présence de bactéries à la surface de notre peau qui est responsable de ces mauvaises odeurs. Ces petites bactéries vont se nourrir de certaines molécules et en les digérant, elles vont produire des acides malodorants. La mauvaise odeur commence alors à se faire sentir.
Pour empêcher l'apparition des mauvaises odeurs, les déodorants classiques vont tuer ces bactéries à l'aide d'agents antibactériens comme l'alcool par exemple. Des sels d'aluminium vont aussi resserrer les pores et diminuer le flux de transpiration. Une substance potentiellement toxique pour l'organisme.
Une équipe de chercheurs de l'université de Technologie de Compiègne a peut-être trouvé la solution : des anticorps synthétiques qui ne perturbent pas la flore micro-bactérienne. "L'intérêt des anticorps synthétiques, c'est qu'ils vont pouvoir piéger sélectivement que la molécule ciblée. Ils vont laisser intactes les autres molécules donc il y aura une perturbation minimale des autres composés (…) nous n'aurons ainsi plus besoin d'utiliser des antibactériens ou des sels d'aluminium", explique Bernadette Tse Sum Bui, ingénieur en génie enzymatique et cellulaire.
Le principe est simple. Les anticorps synthétiques sont composés de cavités, qui ont une forme et des caractéristiques chimiques qui correspondent exactement aux molécules cibles. Ainsi, l'anticorps va reconnaître et piéger ces molécules impliquées dans la production des mauvaises odeurs. Sofia Nestora, doctorante en génie enzymatique et cellulaire, étudie depuis plusieurs années cette technique et réalise des tests d'efficacité. Les résultats montrent que les anticorps synthétiques piègent la quasi-totalité des molécules responsables de la mauvaise odeur.
Avant que ces recherches débouchent sur des applications dans les vrais déodorants, des études devront déterminer si ces anticorps provoquent ou non des inflammations sur la peau et leurs effets sur le corps. Elles sont en cours et les résultats seront publiés d'ici quelques mois.